Commerce du poisson, informel, vente de métaux ferreux et non ferreux, l'Etat peine à exercer ses missions de contrôle. Cette défaillance profite aux spéculateurs et autres fraudeurs. Désormais, les exportateurs qui revendiquent l'exonération de la TVA ou sollicitent le soutien de l'Etat à travers le fonds spécial pour la promotion des exportations doivent impérativement justifier leur acte de vente avec la quantité exacte de la marchandise cédée et prouver qu'ils ont rapatrié des devises. Cette décision vient d'être prise par le ministère du commerce qui a constaté que des opérateurs économiques bénéficient de ces avantages sans toutefois accomplir leurs opérations d'exportation. C'est le cas de quelques exportateurs de la wilaya, cités par le ministre du commerce, qui ont demandé une attestation d'exonération de la TVA pour exporter des métaux ferreux et non ferreux. Après vérification, les services compétents ont constaté que l'opération d'exportation n'a pas été effectuée. C'est ce qui a poussé le ministre du commerce à clamer : “Ceux qui brassent des milliards d'une manière illégale, je leur dirai basta !” Mieux, à l'adresse des gens qui se sont enrichis durant la période de terrorisme, M. Djaâboub lancera : “Maintenant, la récréation est terminée.” Le département du commerce a enregistré quelque 100 demandes de remboursement dans le cadre de soutien à l'exportation. Ces dossiers sont actuellement à l'étude. L'aide de l'Etat se fera, selon M. Djaâboub, en aval, c'est-à-dire après justification des actes de vente des produits à l'étranger. Quant aux zones dites “défiscalisées”, telles que celle de “Dubaï”, le représentant du gouvernement ajoutera sans précisions : “On s'en occupera sérieusement.” Le ministre du commerce a trouvé, au cours d'une visite qui l'a conduit hier à Alger, que certaines structures relevant de la tutelle sont dans une situation peu reluisante. À la pêcherie, construite depuis 1937, les locaux sont dans un état de délabrement inquiétant. Cette unité n'a pas connu une quelconque restauration ou une réhabilitation. Pêcherie d'Alger : 80% de la production échappent au contrôle Sa superficie ne peut contenir toute l'activité qu'elle abrite. En effet, plus de 111 000 caisses, soit 2 236 tonnes de poissons et presque la même quantité de sardines a été produite en 2004 dans cette structure. Au 30 avril dernier, la production est respectivement de 42 361 caisses d'un poids global de 762 tonnes (poissons), alors que la sardine est produite à raison de 26 861 caisses, soit 537 tonnes. La problématique qui se pose dans cette enceinte, c'est que 80% de la production sont vendus sur le marché informel qui, par conséquent, échappent aux divers contrôles notamment celui de la qualité. Durant l'année dernière, l'abattoir de Hussein-Dey a assuré l'abattage de 7 533 têtes de bovins, soit 2 358 tonnes et 126 592 autres ovins de 2 328 tonnes. La production de la viande foraine bovine est estimée à 4 591 têtes, soit 944 tonnes alors que l'ovine est de l'ordre de 3 746 têtes, soit 66 tonnes. En 2004, il a été importé 2 291 têtes de 886 tonnes. Au 30 avril dernier, l'abattage bovin dans cet abattoir qui date de 1929 a atteint près de 3 000 têtes (697 tonnes) et 33 822 têtes d'ovins (606 tonnes). L'activité dans cette unité reste toutefois traditionnelle car les outils utilisés sont obsolètes. 60 marchés informels à Alger L'actuelle pêcherie d'Alger sera réhabilitée pour qu'elle devienne digne de ce nom. “C'est une nécessité absolue”, soulignera le ministre. Une cité a certes besoin d'un espace vert, d'une école, d'un centre de santé mais aussi, fera-t-il remarquer, d'un marché. Sinon, l'informel prendra systématiquement le dessus. Plus de 60 marchés informels contenant plus de 4 000 intervenants sont, affirmera le wali d'Alger, recensés actuellement dans la capitale. Il y a une année, le nombre était de 96 marchés parallèles dans lesquels activent plus de 7 000 personnes. À Bab El-Oued et à la cité El-Djorf, près de mille et une centaine d'intervenants ont été respectivement réglementés. Au lieu de lutter contre ces marchés noirs, suggère le ministre, il est plus utile de les prendre en charge et de les réglementer. OMC : Une réunion informelle à la mi-juillet “Le secteur souffre, de ce fait, d'un manque flagrant en matière d'infrastructures telles que les foires, les marchés de gros, les ports…” Abordant le dossier de l'organisation mondiale du commerce (OMC), M. Djaâboub a indiqué que l'Etat a adressé les réponses aux 258 questions des USA, de l'UE, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande. Une réunion informelle est en outre prévue pour la mi-juillet. Le 9e round des négociations se fera en septembre prochain. Néanmoins, le ministre déplore le comportement de certains opérateurs qui enfreignent les règlements du commerce extérieur appliqués par l'OMC. “L'Algérie a amendé, dans le cadre de l'OMC, une dizaine de lois, une trentaine de décrets et arrêtés, mais le comportement de certains opérateurs économiques n'a pas suivi. Si on veut adhérer à l'OMC, il faut épouser les lois de celle-ci”, précisera le ministre du commerce. Badreddine KHRIS