Cette mesure aura des retombées négatives pour le Trésor, évaluées à des millions de dollars. Suite à la décision d'interdire l'exportation des déchets de métaux ferreux et non ferreux prise par le ministère du Commerce, qui exige que ces opérations soient soumises à un cahier des charges conformément à la loi de finances 2007, le Club des exportateurs de ces produits fait un état des lieux de la situation prévalant. Ces derniers regrettent que cette interdiction ait mis «tous les exportateurs dans le même sac, au lieu de sanctionner les receleurs et les opérateurs impliqués». Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le Club des exportateurs concernés, réuni en assemblée générale le 10 mars, dénonce «le fait qu'aucun document officiel émanant d'un quelconque organisme que ce soit, n'ait confirmé cette décision tant au niveau du ministère du Commerce que celui des Finances», tout en se félicitant que la Direction générale des douanes (DGD) ait autorisé une reprise (provisoire) de ces exportations en attendant le cahier des charges du ministère. Au grand dam des exportateurs, cet accord n'aura duré que 10 jours et la DGD a reconduit le gel de toute exportation «jusqu'à parution du cahier des charges.» L'adresse d'une plate-forme de revendications au chef du gouvernement, aux ministres du Commerce et des Finances ainsi qu'au directeur général des douanes, a été décidée au cours de cette réunion qui a regroupé une centaine d'exportateurs. La plate-forme rédigée comporte trois points essentiels qui sont, pour le premier, la connaissance du contenu des cahiers des charges et la participation à son élaboration finale, la permission de reprendre les exportations (...) et de faire respecter les enseignements vis-à-vis des partenaires étrangers et enfin, l'établissement immédiat d'un fichier national par les exportateurs et les organismes concernés, qui sera mis à la disposition de l'administration publique. Pour rappel, l'interdiction d'exportation des déchets ferreux et non ferreux a été prise aux fins d'endiguer les vols à grande échelle, ciblant les matériaux des entreprises publiques. Mais le ministre du Commece, El Hachemi Djaâboub, s'était rétracté en annonçant qu'il n'avait «jamais dit que l'exportation (de ces produits) est strictement interdite» précisant qu'un cahier des charges est en cours d'élaboration avec une nomenclature définissant les produits à exporter. Le représentant du Club des exportateurs, Noureddine Sergoua, a averti que cette mesure aura des retombées négatives pour le Trésor, évaluées à des millions de dollars et la perte de près de 40.000 emplois. L'exportation des déchets ferreux rapporte, en effet, à l'Etat des rentrées importantes en devises. «Rien que pour l'année écoulée, a indique le ministre lui-même au forum de la Chaîne II, les ventes ont rapporté une recette de 220 millions de dollars contre 166 millions en 2005.» Le Conseil national de l'investissement a décidé, notamment, la création à Sidi Moussa d'une usine publique de récupération et de recyclage des déchets ferreux pour les besoins du secteur du bâtiment en matière de rond à béton. Au-delà de la viabilité ou non d'un tel projet, il reste à savoir que le gros des exportations n'est pas constitué de déchets ferreux mais de métaux non ferreux (aluminium, zinc, cuivre...). Vu que l'activité débarrasse le pays, selon les exportateurs, de plus de 200.000 tonnes de déchets récupérés, triés et exportés, cette mesure aura, en outre, un impact catastrophique sur l'environnement. Le Club des exportateurs de déchets ferreux et non ferreux, propose d'arrêter, provisoirement, l'exportation des déchets sensibles, en l'occurrence les rails, les câbles électriques et les câbles des lignes téléphoniques en attendant la régulation de cette activité par l'élaboration d'un cahier des charges précis et la mise en place des règles claires.