Malgré les multiples poursuites judiciaires contre certains exportateurs, les dérives demeurent. L'homme qui a été à l'origine du scandale des fuites de capitaux à travers l'exportation des métaux ferreux et non ferreux, M.Benyakoub, a été menacé de mort par les barrons de ce commerce qui a causé un préjudice de plus de 7 milliards de dollars à l'Etat algérien. Lors de sa conférence de presse, M.Benyakoub, l'un des premiers exportateurs de ces produits, s'est longuement étalé sur le mode opératoire des barons du trafic. Il dira que ce qui a été révélé jusque-là ne représente qu'une infime partie. Le plus grave, selon lui, c'est le fait que malgré ses dénonciations et les multiples poursuites judiciaires contre certains exportateurs, les dérives demeurent. «Pourtant, il suffit d'une circulaire de quelques lignes pour mettre fin à ces pratiques mafieuses.» A l'entendre, l'exportation des métaux ferreux et non ferreux a, contrairement à ce que pensent certains, pris de l'ampleur. Le ministère, a-t-il expliqué, «avait recensé 88 exportateurs en 1999 alors qu'en l'an 2002 il y en aurait près de 1000 (...). La plupart d'entre eux sont des prête-noms pour les gros bonnets que l'on peut compter sur les doigts d'une seule main». Pour le non-rapatriement des sommes faramineuses, M.Benyakoub ira plus loin. Il dira à ce propos qu'«il est à craindre que les capitaux versés dans les comptes en Europe ou en Asie aient emprunté des pistes...dangereuses». Refusant de trop s'avancer dans ses propos, le conférencier a voulu mettre en garde contre une éventuelle utilisation de ces milliards dans le financement du terrorisme, allusion aux événements du 11 septembre. Cette révélation en a entraîné une autre qui serait derrière cet affolement dans les milieux mafieux algériens. Des enquêtes d'une ampleur internationale avaient été ouvertes notamment par les douanes espagnole et française pays par lesquels transite une bonne partie des exportations. Ces dernières, révèle-t-il, ont harcelé les sociétés de leur pays pour donner des chiffres sur les transactions réalisées avec des exportateurs algériens. Un harcèlement qui en dérangerait plus d'un puisqu'il pourrait mener à des milliards de dollars non rapatriés. Tout au long de son réquisitoire contre les barons de ce trafic, et malgré la guerre sans merci qui ronge les cadres centraux de la douane au sujet de dossiers relatifs aux métaux ferreux et non ferreux, l'ex-exportateur dira que depuis l'arrivée de Lebib, l'actuel DG des douanes, le problème ne se pose plus au niveau de la douane, mais des banques. «Les banques traînent trop la patte (...) sans mise à jour bancaire ni contrôle a priori les banques ne peuvent se rendre compte du délit de non-rapatriement que six ou huit mois plus tard, c'est une aubaine pour les exportateurs véreux pour contourner les restrictions douanières exercées sur eux depuis l'arrivée de Lebib.» M.Benyakoub dira, en outre, que la banque commet une erreur monumentale en donnant 120 jours aux exportateurs pour rapatrier les sommes d'un produit coté en Bourse. Néanmoins, l'animateur de la conférence de presse n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le directeur central chargé de la lutte contre la fraude M.Ahmed Safouane. «Pourquoi bloque-t-il les dossiers à son niveau, pourquoi ne les a-t-il pas transmis à la justice?» Des questions sur un ton presque accusateur. M.Benyakoub affirme avec certitude que les douanes françaises ont transmis une liste nominative de certains exportateurs douteux. Mais le «directeur central de la lutte contre la fraude des douanes algériennes n'a jamais transmis les dossiers à la justice». Par ailleurs, une question est restée sans réponse: celle de savoir pourquoi les douanes françaises n'ont envoyé qu'une partie des informations? Sachant que la majorité des transactions est menée avec le patron d'un société marseillaise, Smri. Un juif français, nommé Johachim? Qui est Johachim? Est-ce lui qui a branché un des exportateurs membres de l'association des exportateurs algériens des déchets ferreux et non ferreux avec des opérateurs juifs via le golfe d'Aqaba en Jordanie? Le dossier des métaux ferreux risque de déboucher sur des secrets pouvant ébranler les tenants du commerce extérieur algérien.