Le président Hamid Karzaï a échappé à des tirs de roquettes des talibans hier pendant qu'il prononçait un discours devant des habitants dans le centre de l'Afghanistan. L'attaque, revendiquée par les Talibans, s'est produite dans le district d'Andar, dans la province de Ghaznî, pourtant considérée comme sécurisée. Le programme s'est poursuivi comme prévu, rien n'a été arrêté, a-t-on dans les milieux proches de la présidence afghane. Les roquettes ont manqué leur cible et le président a regagné Kaboul ensuite. La guerre s'est réinstallée en Afghanistan malgré la présence de corps expéditionnaires des Etats-Unis et de l'OTAN. Cette semaine, une bataille meurtrière s'est déroulée dans le nord-ouest du pays où des policiers et talibans se sont affrontés pendant six heures avec la mort de 20 islamistes radicaux et deux policiers. Les milices talibanes, qui avaient attaqué trois postes de police dans le district de Murghab, ont décroché. Le gouvernement de Kaboul a annoncé qu'une cinquantaine de talibans ont été tués en Afghanistan dans des affrontements et frappes aériennes dans le sud et le nord-ouest du pays depuis le début de la semaine. Ainsi, la paix en Afghanistan reste très précaire malgré la fin du régime des Talibans en 2001, après vingt-trois ans de guerre et de chaos. Les progrès vers une éventuelle stabilité sont remis en cause avec la renaissance des Talibans et le retour massif de réfugiés chassés par leurs hôtes comme l'Iran, par exemple, par crainte d'une contagion islamiste. L'aide économique promise par les occidentaux pour éradiquer à la source l'islamisme radical tarde à venir, les gouvernements de ces derniers ne s'intéressant qu'aux aspects purement militaires. Venu en mars 2004 à Berlin, lors d'une conférence des Nations unies, demander une aide financière pour reconstruire le pays et lutter contre la production et le trafic d'opium, actuel pilier de l'économie, le président Hamid Karzai n'a pu obtenir ce qu'il voulait et, de surcroît, il refuse d'engager les réformes nécessaires pour moderniser son pays. La Constitution, adoptée le 4 janvier 2004 par la Loya Jirga (le Grand Conseil, assemblée traditionnelle afghane), a instauré une République islamique, redonnant naissance aux tensions entre les groupes ethniques qui composent le pays. Les talibans, soutenus par le Pakistan, se sont massés dans l'est et le sud du pays. D. B.