De la fameuse phrase du défunt président Boumediene “Palestine dalima aw madlouma” lancée au lendemain de la guerre d'octobre 1973 jusqu'à l'historique poignée de main Arafat-Rabin, Alger est resté constant dans ses positions à l'égard de ce conflit. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, s'est rendu hier au Caire pour prendre part à la réunion extraordinaire des chefs de diplomatie du Conseil de la Ligue des Etats arabes. Si l'Algérie n'a pas adopté de position officielle sur les graves évènements qui se déroulent en Palestine, c'est que la prudence est certainement de mise dans ce conflit où Alger n'a cessé de déployer d'importants efforts aussi bien diplomatique que financier en vue d'aider le peuple palestinien à recouvrer son indépendance. La mort du leader charismatique de la cause palestinienne, Yasser Arafat, qui avait pris le risque de la paix en serrant la main de Yithak Rabin, en septembre 1993, sur la pelouse de la Maison-Blanche en compagnie de l'ancien président Clinton, et la montée en puissance du mouvement islamiste dans les territoires occupés, aidée en cela par la politique de répression israélienne ont d'autant plus compliqué la situation. Résultat : les Palestiniens qui, sous l'égide du défunt patron de l'OLP, se battaient corps et âme pour l'instauration d'un Etat palestinien avec comme capitale Al-Qods, se voient aujourd'hui se faire la guerre pour on ne sait quel objectif. Il est tout à fait clair que l'attitude du Hamas, dont l'origine de l'armement serait l'Iran ou la Syrie qui tentent d'utiliser les mouvements intégristes dans le Proche-Orient comme une carte de pression, ne peut que conforter Israël dans sa stratégie visant à discréditer le peuple palestinien aux yeux du monde entier. Dans ce cas, l'Algérie ne peut que souhaiter un arrêt des affrontements interpalestiniens, une situation qui, si elle venait à durer dans le temps, donnerait un argument de taille à Tel-Aviv pour durcir la répression et éloigner davantage la perspective d'une paix israélo-palestinienne, condition sine qua non pour le retour à la table des négociations. L'Algérie, le pays où l'Etat palestinien est officiellement né, un certain septembre 1988, a de tout temps accompagné les options de lutte décidées par les dirigeants palestiniens. De la fameuse phrase du défunt président Boumediene “Palestine dalima aw madlouma” lancée au lendemain de la guerre d'octobre 1973 jusqu'à l'historique poignée de main Arafat-Rabin, Alger est resté constant dans ses positions à l'égard de ce conflit. Si le choix des armes a été respecté, le choix de la paix et du dialogue l'a été aussi. Pour preuve, l'Algérie a qualifié la victoire du Hamas à l'issue des législatives de 2006 de “démocratique” et appelé les Palestiniens à s'unir en vue de faire face aux défis à venir d'autant que le scrutin intervenait déjà dans un climat tendu. Non seulement Israël continuait sa politique de répression, mais aussi et surtout la décision de la communauté internationale de geler son aide financière aux Palestiniens. Cette mesure extrême a d'autant plus aggravé la politique de paupérisation israélienne des territoires “sous autorité palestinienne”. L'Occident voulant sanctionner le choix islamiste des Palestiniens a volontairement omis le caractère spécifique du conflit. Il ne s'agit pas d'élections normales qui se déroulent dans un pays normal. La Palestine est sous occupation depuis 1948 et son peuple se bat pour arracher son droit à l'existence. Le président Bouteflika n'avait pas hésité à appeler la communauté internationale à faire le distinguo entre les organisations terroristes qui instrumentalisent l'Islam à des fins politiques et la lutte légitime des peuples pour accéder à leur liberté et leur indépendance. Face à la guerre livrée quotidiennement par Israël, les Palestiniens ont été contraints à reprendre le chemin des armes contre Israël. Mais en agissant de la sorte, les islamistes du Hamas ont retourné les armes contre leur propre peuple. Et c'est la cause palestinienne qui du coup accuse un recul extraordinaire qui l'a ramène aux années sombres de la “nakba” au lendemain de la défaite de 1967 où l'armée israélienne avait annexé Al-Qods. Salim Tamani