L'Ecole supérieure de la Gendarmerie nationale a célébré, cette année, la sortie de la 39e promotion de formation fondamentale et professionnelle qui est composée de 160 élèves dont 10 filles, ainsi que celle de la 4e promotion de formation spéciale qui compte 222 élèves dont 12 filles. Au total, ce sont 22 filles qui se sont préparées durant cette dernière nuit à recevoir, le lendemain, à la fois leur diplôme et leur grade. L'Ecole supérieure de la Gendarmerie nationale constitue une des structures les plus importantes de formation au sein du corps. Elle prend en charge les formations destinées à l'enseignement supérieur, à savoir les cours d'état-major et ceux de perfectionnement, lesquels ne sont pas destinés aux filles. En outre, l'école supérieure propose la formation fondamentale et professionnelle qui est d'une durée de trois années, ainsi que la formation spéciale qui, quant à elle, ne dure qu'une année. Cette dernière, qui n'en est qu'à sa quatrième promotion, a été spécialement conçue pour répondre aux besoins du futur institut de criminologie qui se trouve à Bouchaoui. Ces deux types de formation, qu'ont suivie nos “gendarmettes”, sont basés sur quatre axes essentiels. Il s'agit de l'enseignement militaire, spécifique, général et enfin l'éducation physique et militaire. Cet enseignement a pour objectif de former les filles gendarmes aux connaissances militaires fondamentales. Dans la formation fondamentale, la stagiaire est promue au grade de sous-lieutenant avant d'être dirigée vers la vie professionnelle. Quant à la formation spéciale, l'élève est promue au grade de lieutenant avant d'être orientée, à son tour, vers la vie professionnelle également. Ce qui, selon une des stagiaires rencontrée dans la caserne, suscite quelques jalousies. Les officiers filles, comme les hommes, subissent la même formation. Ils sont tous encadrés par des professeurs d'université pour les matières de culture générale et juridiques. À ceux-ci s'ajoutent des conférenciers et aussi des cadres supérieurs de l'Etat. Une formation qui permettra à nos “futures” officiers d'acquérir des compétences techniques censées améliorer les méthodes de travail et élever le niveau de compétence dans la lutte contre la criminalité. En attendant d'être officiellement promues, les stagiaires ont répété durant tout l'après-midi de la journée précédant “le jour J”, le défilé prévu pour célébrer la fin de leurs formations respectives. Mais une fois les répétitions du grand jour terminées, il faut encore pour les “gendarmettes” préparer leurs tenues. Celles réservées aux grandes occasions, telles que les sorties de promotion. Il est aux alentours de 23h et les filles ne sont toujours pas au lit. Elles grouillent de partout. Dans les chambres, les couloirs et la salle de bains. Toutes affairées à accomplir les dernières tâches, assignées pour cette journée. Sans leurs casquette, godasses et tenue, elles ont l'air plus décontractées. Au fil des discussions, les profils se dressent et il devient évident que le but est commun, mais que les motivations sont diverses. Elles ont toutes choisi la Gendarmerie nationale pour la sécurité de l'emploi et les assurances d'une carrière évolutive. Mais ce qui les différencient, ce sont, avant tout, leur formation initiale, puis, leur origine, milieu familial et aspirations. Certaines d'entre elles ont côtoyé la vie militaire, auprès de leur famille, avant même de fouler le sol de la caserne des Issers. Celles-ci ont eu plus de facilités dans l'intégration d'un milieu exigeant autant discipline que force de caractère. D'autres, par contre, ont fait le choix de la caserne, soit par amour du métier, soit par nécessité. Cela dit, la vie passée et partagée entre toutes ces femmes dans la caserne a fini par dissoudre toutes les différences et tisser des liens forts, amicaux et fraternels. Même minoritaires, ces femmes ont su se faire une place dans un milieu habituellement masculin. Non que ce soit une tâche facile puisque les réticences persistent. Certains éléments masculins n'hésitent pas à acculer leurs camarades juste parce que ce sont des femmes. “Moi, je n'aurais pas accepté de voir ma sœur dans une caserne.” Cette vieille réplique n'est plus de mise aujourd'hui. L'Algérie a changé et la femme peut aussi décider de s'engager dans des métiers réservés jusque-là à la gent masculine. Heureusement que ce type de comportements rétrogrades n'est ni admis ni une généralité, puisqu'une autre élève a atterri dans cette caserne sur les conseils de son frère, lui-même issu de l'école des Issers. La position de la femme dans une caserne a son lot de contrariétés mais aussi ses quelques avantages. Nous citons, à titre d'exemple, le tour de garde dont les “gendarmettes” sont exemptées. Amina Hadjiat