Les dirigeants européens ont entamé, hier, la deuxième journée d'un sommet tendu après de premières discussions la veille qui n'ont pas permis d'avancer sur les contours d'un nouveau traité destiné à remplacer la Constitution. Après leur premier dîner, les 27 se sont séparés jeudi après 23h (21h GMT) sans avancée dans leurs négociations et la chancelière allemande Angela Merkel, qui préside l'UE, s'est montrée très prudente sur les chances de parvenir à un accord. “Nous ne pouvons pas dire encore si ce sera possible”, mais “il y a une disposition de tous les côtés à trouver un accord”, a-t-elle déclaré. Elle a souligné que beaucoup de questions difficiles restaient “ouvertes”. Les Polonais réclament toujours que le système de vote à la majorité qualifiée, prévu dans le projet d'accord préparé par Mme Merkel, soit rediscuté lors d'une conférence intergouvernementale qui serait chargée de rédiger le nouveau traité — un sujet ultrasensible que personne d'autre ne veut rouvrir. Les jumeaux Kaczynski au pouvoir en Pologne ont fait de cette question une obsession, sur fond de craintes d'une prépondérance de l'Allemagne, dont ils rappellent les crimes commis en Pologne à l'époque nazie. Le Premier ministre britannique Tony Blair a quant à lui réclamé que ses exigences soient “pleinement satisfaites”. Français, Espagnols et Italiens ont tenté jeudi de trouver une solution sur certaines de ces demandes, en se disant notamment prêts à offrir aux Britanniques la possibilité que la Charte des droits fondamentaux ne soit pas contraignante pour eux. Mais ces trois pays ne sont pas prêts à céder sur la création d'un poste de ministre des Affaires étrangères chapeautant l'action extérieure de l'UE, même s'ils ne s'accrochent pas à l'appellation de “ministre” prévue par la Constitution. Pour tenter de résoudre ces questions-clés, la chancelière allemande devait poursuivre vendredi dernier des rencontres en petit comité, entamées dans la nuit avec les présidents polonais Lech Kaczynski et français Nicolas Sarkozy. Un compromis très technique a été mis sur la table, jugé insuffisant par les Polonais. R. I./Agences