Depuis le lancement d'une pétition nationale contre le tracé de l'autoroute à El-Kala, l'affaire a pris de l'ampleur, quand Al-Jazeera a repris l'information. Le ministre, de son côté, rassure et plaide la création d'un observatoire de suivi des travaux associant notamment le ministère de l'Environnement. Le ministre des Travaux publics, M. Amar Ghoul, a plaidé hier pour la création d'un observatoire de suivi de la réalisation du tronçon du parc d'El-Kala, qui veillera à la stricte application des mesures d'environnement préconisées par une étude de l'impact sur l'environnement. Le comité sera constitué d'experts et de cadres relevant des ministères des Travaux publics, de l'Agriculture et de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Ce vœu intervient comme une assurance du ministre à ceux qui s'opposent au passage de l'autoroute par le parc. Il précisera, par ailleurs, qu'il s'agit d'un projet du gouvernement, de l'Algérie, et non celui de son département qui fait face à des attaques ces derniers jours. Il était obligé de faire la genèse du projet qui remonte aux premières années de l'Indépendance pour convaincre de ses bonnes intentions, mais surtout de l'utilité nationale et régionale de ce projet qui, par ailleurs, a suscité bien des convoitises de la part des grandes firmes internationales de réalisation. Au plus petit détail, Amar Ghoul énumérera toutes les mesures prises pour la préservation de l'environnement et le respect rigoureux des normes internationales. “Nous avons opté pour les normes européennes qui sont draconiennes”, a-t-il dit. Mais l'affaire a pris de l'ampleur. Au tout début, comme par hasard, une pétition est initiée — par qui d'ailleurs ? — pour protester contre le tracé qui porterait atteinte à l'environnement dans le parc qui abrite déjà 11 communes d'El-Kala. Vite, l'affaire prend de l'ampleur, et le ministre est personnellement pris pour cible. Al-Jazeera, via sa succursale Maghreb basée au Maroc, s'empare du sujet et en fait une lecture assez tendancieuse. Lecture qui n'est pas innocente dans le contexte actuel où le Maroc en négociations directes avec le Front Polisario tente d'impliquer, dans une autre tentative de diversion et de fuite en avant, l'Algérie comme partie prenante du conflit sahraoui. Depuis quand Al-Jazeera fait dans l'écologie ? Elle n'est pas à une première de ce genre puisque depuis son installation au Maroc, elle n'a jamais raté une occasion de “tomber” sur l'Algérie. Et que cette chaîne de télévision s'intéresse à ce dossier et en fasse l'objet d'une telle attention, c'est que Amar Ghoul dérange et dérange des intérêts. Cela depuis le lancement du projet. En effet, malgré la transparence de la procédure de soumission jusqu'à l'octroi du marché aux deux entreprises asiatiques, le ministre n'a pas échappé aux attaques. Ainsi, la société américaine Bechtel, éliminée de la course, a élaboré un rapport appuyé d'une étude pour démontrer qu'il y a eu surfacturation, une sorte de fraude de la part des deux entreprises retenues, avec implicitement la complicité du ministre en charge du projet. Les Américains se seraient plaints auprès du président de la République. Le ministre était-il alors contraint de prouver le contraire ? Maintenant que les chantiers sont lancés, les critiques reprennent en usant du mobile de l'écologie. Il est alors poussé à répondre à la presse qui l'a accusé “d'entêtement” et de donner tous les détails concernant le choix du tracé, ses avantages avec un accent particulier sur les mesures pour éliminer les effets négatifs sur l'environnement, la faune et la flore dans le parc. D'ailleurs, a-t-il argué, à juste titre, plusieurs pays ont construit des autoroutes traversant des lacs et des sites protégés. Cela n'a pourtant pas soulevé autant de critiques. Détourner le tracé comme suggéré par certaines voix remettrait en cause toute la vision liée à cette autoroute, engendrerait des surcoûts, ne participerait pas au désenclavement de la région et éliminerait de facto toute possibilité d'investissement. En plus, il sera impossible, à moins d'une rallonge de 200 à 250 milliards de dinars, de la rattacher à l'autoroute tunisienne. Il a montré son étonnement devant “l'entêtement” des gens à le considérer anti-écologiste, alors que le tracé n'affecte que 0,2% de la superficie du parc, mais surtout à considérer le projet comme sien. “C'est un projet du gouvernement algérien, de l'Etat algérien”, n'a-t-il cessé de marteler. Aussi a-t-il invité tous ceux qui peuvent avoir une idée plus avantageuse à la proposer. “Nos portes sont ouvertes pour quiconque a une idée, une autre option à proposer”, dit-il. N'ayant pas trouvé les véritables raisons de “ces coups”, Ghoul a mis cela sur le compte du manque de communication. Soucieux du respect rigoureux des contrats, le ministre est souvent sur le terrain inspectant les chantiers. Jeudi, il a inspecté le chantier de la 2e rocade d'Alger. Point par point, il a fait tout le couloir déjà ouvert, entre 80 et 90%, de Zéralda jusqu'à Hammadi. Il a insisté particulièrement sur l'expropriation avec ses trois recommandations : équité, justice et souplesse de la loi, ainsi que le respect des délais de réalisation et la qualité de l'ouvrage. Djilali B.