La chambre d'accusation de la cour d'Alger a reporté au greffe l'affaire du détournement dont a été victime la Banque nationale d'Algérie (BNA). Cette procédure (renvoi au greffe) est prévue par la loi pour permettre à la défense de prendre connaissance de certains éléments du dossier auxquels elle n'avait pas accès auparavant. Cette fois, la décision a été prise en ce sens pour que les avocats de la défense puissent consulter le rapport dressé par le conseiller rapporteur de la chambre d'accusation. Ce n'est que par la suite qu'une date sera fixée pour une autre audience devant la même chambre qui sera appelée à retenir ou non les chefs d'inculpation de détournement et de dilapidation de biens de l'Etat retenus contre les accusés. C'est sur la base de l'arrêt de la chambre d'accusation que sera déterminée la juridiction qui héritera du dossier pour le juger en audience pénale (procès). En général, les affaires de détournement sont jugées par la correctionnelle depuis les dernières réformes, mais toujours est-il que si d'autres chefs d'inculpation sont en relation avec le grand banditisme, par exemple, c'est devant un tribunal criminel que se tiendra l'audience devant juger ce détournement. Pour rappel, cette affaire qui avait défrayé la chronique lorsqu'elle avait éclaté au début de l'année 2006, porte sur un détournement de 22 milliards de dinars. Des commerçants, des industriels et des gérants de sociétés virtuelles ont pu, avec la complicité de banquiers, bénéficier de crédits et d'escomptes auxquels ils n'ouvraient pas droit, car n'ayant pas un nantissement suffisant pour couvrir de telles sommes. L'enquête entamée par les inspecteurs de la banque avait permis de déterminer avec précision les agences où avaient lieu ces détournements (Bouzaréah, Koléa et Cherchell). La brigade économique qui a ensuite mené sa propre enquête a, pour sa part, réussi à déterminer les responsabilités et plusieurs accusés ont été arrêtés. Le principal accusé, Abderrahmane Achour, qui avait pris la fuite vers le Maroc en sera extradé quelques mois après. C'est surtout l'ouverture du procès pénal de cette affaire très attendue, qui aura lieu en public, qui permettra peut-être de lever les zones d'ombre qui caractérisent ce dossier. SaId Ibrahim