Les participants à la table ronde organisée au CHU de Tizi Ouzou ont recommandé la nécessité de la création d'un centre dont la mission serait la gestion des prélèvements d'organes. La mise en place d'une organisation assurant la pérennité de la greffe rénale en Algérie a été au centre d'une table ronde organisée avant-hier au CHU Mohamed-Nedir de Tizi Ouzou, animée par d'éminents spécialistes nationaux. Ouvrant la séance, le Dr Mansouri, DG du CHU de Tizi Ouzou, a annoncé que “le don d'organes vivants ne suffisait pas à une demande sans cesse croissante. Il faut aller vers le prélèvement sur cadavres”. Abordant l'expérience canadienne, le Pr Barama, un Algéro-Canadien officiant à Montréal, a souligné que “pour développer la transplantation d'organes, il est impératif de mettre en place un modèle articulé sur l'autorité publique, la population et les praticiens”, et recommande “l'évaluation périodique de cette démarche avec un esprit managérial”. Ce professeur transplanteur met le doigt sur la notion équivoque de “mort cérébrale” constatée avant le prélèvement d'un organe sur un cadavre et exige le consentement préalable du défunt et de sa famille. Pour garantir la réussite de la greffe rénale auprès de la population, “il faut des pratiques transparentes, des critères consensuels et objectifs sur l'allocation du don et une équité parmi les receveurs potentiels”, suggère-t-il. Pour sa part, le Pr Laïdli, médecin légiste au CHU de Bab El Oued, rappelle que la première décision permettant la transplantation d'organes en Algérie remonte à 1970 et annonce qu'un avant-projet de loi à ce sujet est programmé pour adoption depuis 3 ou 4 ans sans, pour autant, voir le jour. Quant au Pr Graba, du CHU Mustapha-Pacha, celui-ci appelle à réviser la loi n°85-05 régissant le don d'organes et souligne que la mort cérébrale a été explicitée par une décision du Pr Aberkane, du temps où il était ministre de la Santé. Ainsi, apprend-on, en Egypte, le prélèvement sur cadavre est interdit pour des raisons religieuses alors qu'en Arabie Saoudite, cette pratique est autorisée avec 400 greffes annuelles. “Même si la législation permet de passer outre le consentement de la famille du défunt pour le prélèvement d'organes, les équipes médicales se refusent de le faire”, précise le Pr Graba. Il a, néanmoins, appelé à la vigilance en matière de législation en raison des risques de trafic d'organes lorsque le donneur n'est pas apparenté au receveur. Le Pr Si Ahmed du CHU de Blida a souligné, quant à lui, le désaccord de la Société de neurochirurgie algérienne au sujet de la définition légale de la mort cérébrale et qui préconise le recours à une angiographie cérébrale. Les participants à cette rencontre ont été unanimes à suggérer la prise en charge budgétaire effective de cette pratique, la formation en nombre suffisant d'équipes spécialisées en greffe, anatomie-pathologie, anesthésie-réanimation et de paramédicaux spécialisés. Notons aussi qu'à travers cette rencontre scientifique, l'on a constaté que les expériences en greffes d'organes ont été diverses mais sans retentissement national et parfois sans lendemain ni capitalisation. En sa qualité de modérateur des débats, le Pr Graba a recommandé la création d'un établissement officiel pour la greffe régi par décret et doté de statuts dont la mission serait la promotion et l'organisation du don d'organes et la gestion des prélèvements (vivants ou sur cadavres) et leur allocation aux receveurs recensés au niveau national. Autant de recommandations qui seront soumises au ministère de tutelle. Abdenour Bouhired