Liberté : Vous avez déclaré que les forces de sécurité ne sont pas préparées pour combattre le crime organisé. Le même discours a pourtant été tenu dans les années 1990 par rapport à la lutte contre le terrorisme. Mais alors, à quoi servent les expériences d'autrui et l'anticipation ? Yazid Zerhouni : Dans les années 1990, ni la police ni l'administration, ni même la société n'étaient préparées au terrorisme et à sa nuisance. En 1994, j'ai été aux Etats-Unis et un responsable américain m'avait parlé du crime organisé. Je veux vous dire, à travers cet exemple, que nous le savions. Mais, nous avions une priorité, celle de la lutte antiterroriste. Maintenant, les choses ne sont plus comme avant, nous pouvons nous consacrer à la lutte contre le crime organisé. C'est pourquoi, nous reprenons les formations et la spécialisation relative à la lutte contre le crime organisé. Ne croyez-vous pas qu'il y a reconversion du terrorisme vers le crime organisé ? Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a un lien entre le terrorisme et la contrebande. D'ailleurs, les terroristes pouvaient passer des frontières… Il y a aussi implication des terroristes dans la drogue… Pour être plus précis, je préfère dire qu'il doit y avoir peut-être un lien entre le terrorisme et la drogue. M. le ministre, vous avez annoncé, récemment, le renforcement des forces de l'ordre par, notamment, de nouveaux recrutements. Peut-on concilier le tout-sécuritaire et la démocra-tie ? Ne sommes-nous pas devant un Etat policier ? Je vous rappelle que la sécurité fait partie de la démocratie. Il ne peut donc être question d'Etat policier, puisque l'Etat assure la défense des citoyens. Tout est dans les missions des policiers… Propos recueillis par H. A.