La daïra de Zeribet El Oued, située à une centaine de kilomètres au nord-est de la ville de Biskra, est caractérisée plus particulièrement par ses vastes champs de production agro-industrielle, le tabac et le henné. Ce dernier, appelé l'or roux, a des vertus non seulement esthétiques mais aussi médicinales. Ses origines sont difficiles à déterminer. On dit qu'il aurait voyagé pendant les conquêtes musulmanes. Cependant, il est présent dans la majorité des civilisations, bien avant l'apparition de l'islam. Le henné porte en lui-même des millénaires d'interactions culturelles et d'échanges commerciaux. ses fleurs sont utilisées pour leur parfum suave et ses racines pour leur propriétés médicinales. Il est aussi utilisé pour la femme enceinte dans plusieurs pays arabes et asiatiques. Celle-ci s'enduit le ventre et la tête avec cette pâte afin de calmer les bouffées de chaleur (maux de tête et autres états fiévreux). Très efficace aussi contre les malaises de la peau d'origine mycosique, l'ecchymose, la lèpre ou la jaunisse. Il gomme aussi les impuretés et adoucit la peau. Ainsi, et en raison de ses vertus innombrables, les paysans de Zeribet El Oued se sont massivement lancés dans sa production, en défiant tous les obstacles naturels, sociaux et économiques. Malheureusement, ces derniers temps, ils commencent à se désengager de cette activité jugée moins porteuse par rapport aux années passées. Selon eux, la modernisation, la mécanisation de cette forme d'agriculture, l'augmentation des coûts de la production face à des prix de vente plus bas et les règles draconiennes de la commercialisation entraîneraient la disparition de nombreux emplois. Jadis, cette activité rapportait beaucoup ; elle augmentait le revenu des agriculteurs, vu son poids dans le secteur agricole, non seulement de la région, mais sur le plan national et international. Cependant, le problème crucial qui dérange les producteurs reste toujours la concurrence du marché étranger, d'où l'imposition des prix de vente et les méthodes de production imposées aux producteurs sont nettement remarquables. Une concurrence qui est de plus en plus redoutable. Autre désagrément à ajouter, la fermeture de la seule unité spécialisée dans la production et la commercialisation de cette marchandise, une fermeture dont les paysans ignorent les causes. En dépit de tout cela et par attachement par tant de liens à leur passion, les paysans de Zeribet El Oued décident de continuer à produire cet or roux et de lui trouver une stratégie de commercialisation. El Hadj Bahamma