La commune de Djillali Ben Amar, à une cinquantaine de bornes au sud-ouest de Tiaret, vit, depuis avant-hier, au rythme d'une manifestation populaire pour exprimer sa colère. Pas moins de 7 manifestants ont été arrêtés hier matin. Des dizaines de citoyens ont brandi encore hier leur SOS dans la rue qu'ils ont investie depuis les premières heures de la matinée avant de barricader tous les accès de cette ville limitrophe de la wilaya de Mascara. Des montagnes de pierres ont été dressées par les jeunes qui n'ont jamais cessé de réclamer, à qui voudrait bien les entendre, “une goutte” d'eau à boire. Cependant, cette sortie populaire s'explique principalement, selon les manifestants rencontrés sur les lieux, par le manque d'eau qui ne fait que s'éterniser au fil du temps. “Nos robinets ne coulent qu'une fois tous les 20, voire 30 jours”, tenait à marteler un citoyen d'un certain âge, qui dira qu'il ne trouve pas les mots pour étaler les “maux” dont souffrent ses pairs, laminés par une politique dirigiste tant cette localité se trouve dépourvue de toute commodité de vie. La précarité est de mise à telle enseigne que l'on sent une marginalisation sans nom peser sur ses habitants qui ne trouvent aujourd'hui que la rue pour crier leur désarroi. Au siège de l'APC, nous étions reçus par le chef de daïra et le P/APC qui ont tenté tant bien que mal de raisonner les protestants et apaiser le climat. “Outre l'eau, les manifestants réclament aussi la régularisation du foncier qui est loin d'être de notre ressort dans la mesure où le problème réside depuis bien des années au niveau des plus hautes instances du pays”, nous expliquera le P/APC qui table sur un éventuel plan de citerne, avec l'assistance des communes limitrophes, comme Mechra-Sfa, Rahouia, Tagdempt, dans la wilaya de Tiaret, et Oued El Abtal et Sidi Abdel Djebbar, du côté de Mascara, afin de ravitailler la population en eau potable. Par ailleurs, le chef de daïra de Mechra-Sfa estimera que cette procédure est la plus propice en attendant l'achèvement du projet du réseau d'alimentation en eau potable à partir du barrage Benkhedda dont l'enveloppe financière allouée est de l'ordre de 8 milliards de centimes. “Ce projet est en cours de réalisation et je suis persuadé qu'il sera fin prêt dans trois à quatre mois”, a-t-il déclaré non sans commenter une telle manifestation par une éventuelle manipulation électoraliste. Ce dernier n'a pas manqué de mettre en exergue la panoplie de projets de développement dont a bénéficié la commune de Djillali Ben Amar dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD), dont justement la rénovation des réseaux d'assainissement et d'alimentation en eau potable, ainsi que l'amélioration urbaine. “Compte tenu de ces programmes, je ne vois aucune raison de prendre cette commune pour une localité marginalisée”, a-t-il conclu.Toutefois, au moment où nous mettons sous presse, la tension était toujours au rouge, alors que le siège de l'APC abritait une séance restreinte entre le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Tiaret et les responsables cités qui doivent épiloguer par un plan d'urgence portant sur l'alimentation en eau potable qui est, d'ailleurs, le souci fondamental du chef de daïra. Par ailleurs, les revendications étalées trouvent toute leur légitimité dans la mesure où une personne rencontrée sur notre chemin du retour nous fera savoir qu'elle s'est approvisionnée en eau à dos d'âne à partir d'une source située à environ 5 kilomètres . R. SALEM