Au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité qui s'est prononcé pour la poursuite des inspections onusiennes à Bagdad, une mobilisation massive et sans précédent d'opposants à une guerre en Irak a été signalée dans plusieurs capitales du monde. En effet, des centaines de milliers, voire des millions de personnes éprises de paix ont défilé, hier, dans les grandes artères des cinq continents contre la volonté guerrière de Washington. Des manifestations massives ont été suivies à l'appel des organisations pacifistes, même dans des pays connus pour être pro-américains et favorables à une intervention militaire en Irak. Ainsi donc, l'hostilité à la guerre a gagné même Londres où quelque 250 000 Britanniques, selon la police, se sont rassemblés dans le centre de la capitale où devait se réunir au total près de un million de manifestants pacifistes. Ils arboraient des pancartes : “Pas de sang pour le pétrole” ou encore “Non à la guerre de Bush et de Blair contre l'Irak”. En Espagne, des centaines de milliers de manifestants ont battu le pavé des grandes villes : Séville, Barcelone, Malaga et même Madrid. Dans la capitale espagnole, des représentants des organisations artistiques ont défilé et brandi des banderoles : “Non à la guerre”. Toujours dans le Vieux Continent, on parle, en Italie, d'environ un million de personnes qui ont commencé à marcher, en début d'après-midi, à l'appel de 500 organisations. L'affluence était telle à Rome que le comité organisateur a décidé de faire partir le cortège en avance sur l'horaire prévue. Il faut dire, de l'avis des observateurs internationaux, que les marches s'annoncent comme les plus grandes depuis la guerre du Viêtnam. La mobilisation était également forte dans les pays où les gouvernements se sont rangés dans le camp de la paix. A Berlin, quelque 200 000 Allemands, selon la police, ont participé à une marche contre la guerre en Irak, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire, selon les agences de presse étrangères, “Schr?der n'est pas un guerrier de Bush”. De même que deux membres du gouvernement de Schr?der, les ministres de l'Agriculture et de l'Environnement, étaient, hier, présents, malgré une demande informelle du chancelier de s'en abstenir. Même topo à Paris, où le président Chirac avait clairement affiché son opposition à une intervention militaire américaine. Une imposante manifestation a été suivie sur les grandes avenues parisiennes. Sur les banderoles déployées, on pouvait lire : “Non à la guerre contre l'Irak”. Les agences de presse internationales ont distillés que des mouvements de solidarité avec le peuple irakien ont été constatés dans quelques capitales arabes. Au Caire, environ 600 personnes, encadrées de 2 000 policiers, ont scandé des slogans hostiles à l'Administration américaine : “George Bush est l'ennemi de Dieu” ou encore “L'Irak, nous ne t'oublions pas”. Des manifestants ont également conspué le Qatar qui doit abriter le commandement des forces américaines dans la région en cas de guerre : “Doha et Tel-Aviv sont les deux faces d'une seule monnaie”. A Damas, plus de 200 000 Syriens ont défilé et exprimé leur opposition à une éventuelle frappe contre l'Irak. Ils ont scandé : “Aujourd'hui l'Irak, à qui le tour demain ?” et “Bush, Blair, pas de guerre pour le pétrole”. La Russie, la Pologne, la Slovaquie, les Pays-Bas, l'Autriche, Hong-Kong, l'Argentine, l'Afrique du Sud, Chypre, la Grèce, le Pakistan, la Malaisie, Iles de Fidji, Philippines, le Japon et bien d'autres pays ont vu aussi des dizaines de milliers de leurs citoyens déferler dans la rue. A Bagdad, des défilés d'Irakiens en colère ont parcouru les grandes artères pour protester contre le projet de guerre de Bush. Ils ont brandi des pancartes hostiles à la Maison-Blanche : “A bas l'Amérique”. Les portraits de Saddam étaient omniprésents dans la foule. R. H.