À la veille de la visite en Algérie du président français, l'ancien chef du gouvernement algérien estime que le projet d'union méditerranéenne prôné par Nicolas Sarkozy passe par le règlement de la question du Sahara occidental, dans laquelle Paris a un grand rôle à jouer. Dans une déclaration à l'agence de presse Reuters, Rédha Malek livre son analyse sur la visite, demain, du chef de l'Etat français dans la région, notamment sur l'initiative de mettre une union méditerranéenne. Selon l'ex-Premier ministre algérien, l'objectif de Nicolas Sarkozy est tributaire du règlement du conflit sahraoui. Ainsi, le nouveau locataire de l'Elysée se doit de modifier l'approche de la France dans le traitement de ce dossier en exerçant des pressions sur le Maroc afin qu'il accepte l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans ce territoire. Rédha Malek estime que cela passe par le changement de la politique adoptée jusque-là par le président français sortant Jacques Chirac. Pour rappel, ce dernier était acquis fait et cause aux thèses colonialistes marocaines visant à une annexion pure et simple du Sahara occidental, déniant le droit à l'autodétermination au peuple sahraoui. “La France doit encourager le Maroc à adopter la démarche des Nations unies dans le règlement de ce conflit afin qu'il y ait une politique plus cohérente dans la région du Maghreb dans le cadre de la complémentarité régionale”, a déclaré celui qui fut chef du gouvernement algérien de 1993 à 1994, et chef de la diplomatie algérienne. Il ne fait que confirmer les analyses des spécialistes de la question qui affirment que ce conflit constitue un sérieux obstacle au commerce au Maghreb, qui représente un marché de 80 millions d'habitants. Paris, qui a un rôle important à jouer dans ce conflit, fait croire qu'il adopte une position de neutralité, alors qu'il est aligné sur les thèses marocaines depuis de longues années. Concernant la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie et en Tunisie, Rédha Malek dira que son objectif de réaliser des progrès dans le projet de mise en place d'une union méditerranéenne, qui aboutirait à la création de liens entre les pays africains et les pays européens, sera difficile à concrétiser dans la conjoncture actuelle. D'après lui, la position de l'Algérie vis-à-vis de Sarkozy dépend de son attitude par rapport au conflit du Sahara occidental. Qualifiant ce dossier de “problème aux contours bien clairs”, le patron de l'ANR poursuivra en disant que si “la France cherche à mettre en place de grandes unions et de grands ensembles dans la région, elle devra trouver une solution au conflit sahraoui”. Il émettra le souhait de voir la France changer de stratégie dans la région, parce que, ajoute-t-il, “il existe des indices laissant croire que Sarkozy apportera des modifications ne serait-ce que dans le langage”. Enfin, il conclura en affirmant : “Sarkozy tentera apparemment d'être plus calme et de faire preuve de réserves.” K. ABDELKAMEL