Berceau de l'Emir Abdelkader, El-Gueitna a été élevée au rang de commune à la suite du découpage administratif de 1984. Elle est située à équidistance entre les localités de Hacine à laquelle elle était rattachée et Bouhanifia en contrebas de l'immense forêt de Stamboul dans une région qui tire sa vocation de l'agriculture, principale ressource qui fait vivre la population, laquelle s'adonne au travail de la terre en l'absence d'autres activités. À la suite de la mise en application de la réforme agraire, les deux principaux domaines autogérés au sein desquels étaient regroupées les surfaces agricoles utiles et qui employaient des centaines de chefs de famille ont été dissous et cédés aux ouvriers qui se sont constitués en exploitations agricoles collectives (EAC) et exploitation agricoles individuelles (EAI). Ainsi, de leur statut social, puisque de la qualité d'ouvriers agricoles, ils sont devenus des propriétaires terriens bénéficiant du droit de jouissance. De ce fait, pour rentabiliser leurs biens, l'eau s'est avérée une nécessité absolue et, afin d'aboutir à leurs fins, ils n'hésitent pas à recourir à l'usage de l'irrigation illicite à partir de Oued El Hammam, une opération tributaire de lâchers d'eau opérés à partir du barrage de Bouhanifia. Des motopompes sont installées le long de la berge et équipées de tuyauterie jusqu'aux parcelles cultivées. Ces pratiques sont exercées généralement de nuit et ce, afin d'échapper aux contrôles effectués sporadiquement par les agents de la police des eaux, lesquels, à chacun de leur passage procèdent à la saisie des moteurs, verbalisent et traduisent en justice les contrevenants condamnés à payer de lourdes amendes sans toutefois parvenir à mettre un terme définitif à ces pratiques ou dissuader les usagers qui récidivent à chacune des opportunités, car il y va de leur survie, de celle des membres de leurs familles, des cultures et des plantations (arboriculture), car la terre est la seule source de leurs revenus. Ayant pris goût à ces facilités d'accès et s'étant habitué à des gains consistants, car les récoltes se négocient à des centaines de millions de centimes, les attributaires interprètent très mal le refus d'irriguer leurs lopins imposé par la police des eaux. Et pour manifester leur colère, ils ont opté pour la violence, et la journée du vendredi 22 juin 2007 restera une date gravée dans la mémoire de la population de la région. Ce jour-là, ils ont mis à profit le lâcher d'eau pour procéder aux vols d'eau à partir de l'oued et quand les agents de la police des eaux se sont pointés, l'accès leur a été refusé puisque les agriculteurs ont bloqué le chemin à l'aide de grosses pierres et de pneus brûlés. La situation a dégénéré entraînant l'agression d'un agent de la police des eaux et son véhicule de service a été endommagé. Pour maîtriser la situation et prévenir contre tout risque d'embrasement de la manifestation, la brigade de la gendarmerie a fait appel au renfort avec l'arrivée des éléments de tout un escadron. Deux agriculteurs ont été arrêtés et présentés devant la justice qui les a condamnés à 6 mois de prison ferme et à de fortes amendes par le tribunal de Bouhanifia alors que 4 autres ont écopé de 18 mois de prison ferme assortis de fortes amendes. Ce procès censé être exemplaire est loin de décourager les agriculteurs décidés à renouveler leurs actions au risque de voir leurs cultures gagnées par la sécheresse. Ils ont investi dans le secteur et se prononcent disposés à s'acquittés des droits d'utilisation des eaux destinées à irriguer leurs terres. Pour l'administration, les lâchers d'eau ont pour objectif de renforcer le volume réservé à l'alimentation en eau potable des populations, lesquelles, doivent bénéficier de la priorité. À l'opposé, l'agriculture mérite un intérêt particulier pour son développement. A. B.