Berceau du fondateur du premier Etat algérien moderne, l'Emir Abdelkader en l'occurrence, le bourg baptisé Sidi Mahiedine relève administrativement de la localité d'El Gueithna élevée au rang de commune à l'issue du dernier découpage. Cette bourgade qui a vu naître et grandir l'Emir ne revêt que très peu d'intérêt aux yeux des autorités de la wilaya car en dépit de cette étiquette, elle reste marginalisée. En effet, hormis une stèle érigée, rien de significatif n'éveille la conscience de ceux censés préserver les sites historiques. Ce sentiment de frustration est durement ressenti par une population qui reste, en dépit des dures épreuves subies au cours de la dernière décennie, très attachée à sa terre natale et dont la plupart des chefs de famille vivent du travail de la terre, puisque l'agriculture demeure la vocation première de la région. La réalisation d'un village socialiste agricole de 100 logements inauguré par le président de la République de l'époque lors de sa visite en mai 1983 dans la wilaya de Mascara a permis à la région de se soustraire à la commune mère Hacine et la naissance d'une nouvelle commune qui a vu le jour en 1985. Néanmoins, la création de cette nouvelle entité n'a pas été accompagnée de structures à même de permettre aux élus de résoudre les différentes crises auxquelles étaient confrontés les citoyens comme les problèmes de logement et de l'emploi. La seule unité de menuiserie spécialisée dans la fabrication de ruches a été fermée après un délai très court d'activité. Et comme la commune enregistre une démographie galopante, les rangs des chômeurs grossissent chaque jour un peu plus et, en l'absence d'activités de distractions et de loisirs, les jeunes sont condamnés à subir l'oisiveté et la malvie avec pour unique refuge la petite salle du seul café maure du VSA. De part sa situation géographique, la commune a été la cible privilégiée des terroristes qui dominaient la région. Construit sur la lisière de l'immense forêt de Stamboul, le bourg Sidi Mahiedine était sous l'emprise totale des groupes armés qui activaient de jour comme de nuit en toute quiétude. Eu égard à l'insécurité qui régnait, toutes les familles assuraient le soutien logistique aux terroristes. La commune a versé un lourd tribut avec l'assassinat d'une dizaine de jeunes qui ont osé effectuer leur service national ou des chefs de famille qui avaient émis le souhait de quitter le douar pour échapper à la collaboration. Encouragés par l'installation d'un détachement de la garde communale à Sidi Mahiedine et d'un cantonnement des éléments de l'ANP à Sidi Ali, des jeunes téméraires ont consenti à prendre les armes pour défendre leurs biens et surtout leur honneur bafoué. Ces initiatives ont eu pour effet immédiat de sécuriser la région qui connaît ces derniers mois un calme évident avec la libre circulation des automobilistes dans les deux sens, El Gueithna-Hacine et El Gueithna-Bouhnifia, car les deux axes qui mènent vers cette localité ont été fermés des années durant, obligeant les citoyens à se terrer au-delà de 17h et à être livrés en pâture aux terroristes qui assuraient la relève des mouvements dans la région. Néanmoins, si le volet sécuritaire est en nette amélioration, les projets liés au développement de la commune sont loin de répondre aux aspirations d'une population qui manque de tout et qui vit en dessous du seuil de la pauvreté et l'absence criante de tout investissement industriel constitue une motivation supplémentaire de frustration. Son statut de site historique n'est que circonstanciellement évoqué et la région reste étrangement enclavée avec un environnement qui frise la catastrophe, une obscurité totale en l'absence de l'éclairage public, un assainissement défaillant, des ruelles non revêtues et une alimentation en eau potable perturbée. Pourtant, les revendications des citoyens d'El Gueithna ne sont pas difficiles à satisfaire pour peu que les autorités de la wilaya daignent accorder un intérêt particulier à la réhabilitation de la région, d'autant plus que la commune est dépourvue de tout bien susceptible de lui procurer des ressources à même de lui permettre d'engager des projets d'investissement. A. B.