Dans un éditorial consacré à la guerre en Irak, le très influent quotidien américain New York Times a appelé, hier, le président George Bush à quitter l'Irak dès que possible. Qualifiant la tentative du locataire de la Maison-Blanche de stabiliser ce pays de “cause perdue”, le journal affirme dans un éditorial inhabituellement long, intitulé “Le chemin du retour”, qu'“il est temps pour les Etats-Unis de quitter l'Irak, sans plus de délai qu'il n'en faut pour que le Pentagone organise le retrait”. Faisant preuve de pragmatisme, le quotidien new-yorkais ne manque pas d'expliquer les motivations de la modification de sa position sur cette question en rappelant qu'il avait jusqu'à présent rejeté cette conclusion “dans l'attente d'un signe que le président Bush était sérieusement en train de chercher une solution pour sortir les Etats-Unis du désastre qu'il avait créé en envahissant l'Irak sans motif suffisant, en dépit de l'opposition mondiale et sans plan de stabilisation”. Selon l'auteur de l'éditorial, cette décision a été prise depuis qu'il est apparu que Bush n'avait “ni la vision ni les moyens” de stabiliser l'Irak. Poursuivant son argumentation, le journal ajoute : “Il est effroyablement clair que le projet de M. Bush est de rester sur place aussi longtemps qu'il sera président et ensuite de transmettre le fardeau à son successeur. Quelle que soit la cause qui l'a guidé, elle est perdue.” Ainsi, le New York Times est arrivé à la conclusion que “l'armée américaine ne peut résoudre le problème” et ramener la stabilité dans un pays qui est déjà plongé dans la guerre civile. À travers cette prise de position, ce prestigieux titre fait part du mécontentement de l'opinion publique américaine face à la situation en Irak, après les défections annoncées ces dernières semaines par des sénateurs républicains jusqu'alors fervents partisans de la guerre. Il faut dire que l'augmentation sensible du nombre de soldats américains tués en Irak, qui avoisine une moyenne de cent par mois, selon un rapport qui sera remis au Congrès, constitue un facteur déterminant dans ce changement d'opinion au sein des cercles jusque-là acquis à George Bush. Le même document met en exergue le fait que la violence s'est étendue bien au-delà de Bagdad et que les divisions politiques et confessionnelles se sont aggravées à travers le pays, ce qui complique davantage la mission américaine en Irak. Ce changement de position de la part du New York Times est un soutien supplémentaire de perdu pour le président américain dans une entreprise qui n'était basée sur aucun argument valable. En effet, au fil du temps, il s'est avéré que toutes les excuses, notamment celle des armes chimiques, ne reposaient que sur des informations erronées. K. ABDELKAMEL