L'opération de relogement du site Les Planteurs s'est terminée, hier matin, par l'expulsion, par la force, des derniers récalcitrants qui refusaient, depuis mercredi dernier, de quitter leurs habitations, notamment au terrain dit Hadj-Hacène. En effet, très tôt le matin, les forces de police sont intervenues pour les évacuer coûte que coûte. Poussés dehors, ces habitants ont assisté, impuissants, à l'enlèvement de leurs meubles et autres biens qui ont été aussitôt chargés sur des camions et déposés au niveau de la fourrière. Ils se sont retrouvés dans la rue, assis à même le sol avec femmes et enfants jusqu'en fin de journée. Effondrés, beaucoup ne savaient quoi faire face à la force publique. Les plus chanceux vont tenter de se faire héberger chez des proches, les autres, c'est la tente dans un coin d'un quartier qui les attend. Une famille, qui en plus de son habitation, disposait d'un commerce, craint que la démolition de sa maison ne soit aussi le coup fatal au commerce de la famille. Ces dernières 48 heures, l'entrée en action des bulldozers n'a pas cessé avec la destruction de toutes les habitations marquées du signe rouge, c'est-à-dire celles qui doivent disparaître. Le vieux cimetière Sidi-Ghrib devrait également être transféré. Mais ces derniers jours, l'opération de relogement des Planteurs a pris le visage d'une pauvre vieille, Sediki Aïcha âgée de 87 ans, et de ses deux fils attardés mentaux. Cette dernière malade avait pu trouver refuge dans une pièce d'une maison à moitié démolie grâce encore à des voisins qui l'avaient trouvée abandonnée au cimetière. Mais ce vendredi, elle sera là aussi chassée des lieux, et devant son état critique évacuée aux urgences. Mais le drame ne s'arrête pas là puisque ses deux fils attardés mentaux ont été abandonnés sur place et ont passé ainsi plusieurs nuits dehors seuls, vulnérables et incapables de se prendre en charge. Des gens du quartier se sont mobilisés pour leur donner à manger alors qu'eux-mêmes étaient en attente d'expulsion. Face à ce cas exceptionnel d'urgence sociale et humanitaire, la presse s'est mobilisée et s'est fait l'écho du cas de la pauvre Sediki Aïcha. Les autorités locales, notamment le wali, ont réagi en demandant une prise en charge particulière de ce cas ainsi qu'une enquête, puisque Aïcha a été victime du vol de sa carte qu'il a ainsi privée de son logement. Hier matin, les deux fils ont été récupérés et amenés à leur mère qui se trouve provisoirement au niveau de Dar Errahma de Messerghine. Alors que depuis deux jours son état s'était aggravé ; déshydratée, elle ne s'alimentait plus, et à la vue de ses fils elle a enfin pu s'alimenter. Pour l'heure, la commission chargée de l'opération de recensement au niveau des Planteurs devrait trouver une solution pour la pauvre Sediki Aïcha et lui octroyer un f2 pour elle et ses deux fils. Car Dar Errahma ne convient pas à ce type de cas sociaux. F. Boumediene