Pour la deuxième matinée consécutive, des dizaines de personnes, des pères et des mères de famille, parfois même accompagnés de leurs enfants ont manifesté, hier, devant le siège de l'OPGI situé à Sid El-Houari, en y bloquant l'accès. Ces manifestants du quartier Les Planteurs contestent ainsi, depuis plusieurs jours, la liste des bénéficiaires des 1 000 logements, faisant partie du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP) et qui prévoit à terme la “délocalisation” des habitants des Planteurs. Estimant que la liste des bénéficiaires, dont ils ont été exclus, est entachée d'irrégularités, ainsi que l'opération du tirage au sort effectuée jeudi dernier, les manifestants d'hier tentaient d'empêcher certains bénéficiaires de payer auprès des services de l'OPGI. Les forces de police, présentes sur les lieux, tout comme la veille, n'ont, en effet, réagi que pour dégager et libérer le trottoir et l'accès à l'entrée de l'office ; c'est à ce moment-là, en fin de matinée, que les premiers heurts ont eu lieu entre surtout des jeunes et les policiers. Un premier bilan fait d'ailleurs état de plusieurs blessés des deux côtés et d'une dizaine d'arrestations. C'est par des jets de pierres que les manifestants s'en sont pris aux forces de police les ciblant et visant encore l'entrée de l'OPGI. Les forces de police, compte tenu de la configuration des lieux, n'ont pas voulu faire usage de bombes lacrymogènes, en chargeant la foule à maintes reprises pour tenter juste de disperser des jeunes très en colère. Un peu plus loin, au niveau des arrêts de bus à proximité de la rue des Jardins, des pneus ont été jetés sur la chaussée et enflammés. Alors que le calme revenait peu à peu au cœur de Sid-El-Houari, nous avons appris qu'en début d'après-midi, des groupes de jeunes, voyant qu'un dispositif de sécurité se mettait en place aux abords de certains quartiers comme Les Planteurs et Ras El-Aïn, n'ont pas hésité, à ce moment-là, à s'en prendre au tout nouveau téléphérique. C'est la station des Planteurs qui a fait les frais de cette manifestation de colère puisqu'elle a été très sérieusement endommagée, nous dit-on. Le téléphérique, malheureusement, venait tout juste d'être remis en service depuis une dizaine de jours après des années d'arrêt. Sa réhabilitation et sa remise en marche ont nécessité 25 milliards de centimes. À l'heure où nous mettons sous presse, la tension était perceptible dans le quartier des Planteurs, alors que la détermination des habitants, notamment ceux qui n'ont pas été retenus pour l'attribution des 1 000 logements, soit 500 F2 et 500 F3, est entière. Beaucoup se disent décidés à ne pas quitter leurs habitations quoi qu'il arrive, car ils affirment encore n'avoir aucune garantie d'être relogés après la démolition de leurs maisons. Initialement, l'opération de relogement était programmée pour aujourd'hui, mais au vu de la situation tendue qui persiste, il semblerait qu'un report est envisagé par les pouvoirs publics. F. BOUMEDIENE