Le plan de développement établi à la réouverture semble retardé. Presque cinq ans après, les grands espoirs semblent mis au frigo puisque la production est aux alentours de 180 000 pneus “en attendant des jours meilleurs”. Pourtant, le marché est plus que porteur. La visite de Nicolas Sarkozy ne pouvait que remettre en selle le sujet des investissements français en Algérie. L'un des aspects les plus significatifs du partenariat entre les deux pays est Michelin Algérie, spécialisée dans le pneumatique. Cette dernière s'est réimplantée en août 2002 (après une fermeture de neuf ans due à l'insécurité qui régnait à cette époque-là) et avait pour objectif la production de 250 000 enveloppes par an pour poids lourds. La visite à l'usine de l'ancien président français Jacques Chirac en avril 2004 devait être un signe fort pour un développement encore plus fort de cette usine “symbole de la ténacité de nos opérateurs économiques”, avait-il déclaré ce jour-là. Toutefois, les choses n'ont pas fonctionné comme l'auraient souhaité ses initiateurs. Le plan de développement établi à la réouverture semble retardé. Presque cinq ans après, les grands espoirs semblent mis au frigo puisque la production est aux alentours de 180 000 pneus “en attendant des jours meilleurs”. Pourtant, le marché est plus que porteur avec 700 000 pneus pour poids lourds commercialisés par an. Michelin Algérie reste, toutefois, dans une dimension réduite et est loin d'être une référence parmi les filiales de l'entreprise mère. Il y a eu certes l'ouverture en décembre 2004 au niveau de son usine poids lourds d'Alger de la première unité de rechapage pour pneus de poids lourds. Tout cela reste tout de même en deçà des espoirs suscités à son ouverture. À la “torpeur” de l'usine, son P-DG, Jean-Yves Caux, a invoqué dernièrement sur nos colonnes la “vive concurrence de l'informel”. Il avait bien précisé que “50% du marché sont accaparés par l'informel. Ce qui menace l'industrie du pneumatique en Algérie. La douane dispose d'informations sur les importations qui confirment ce constat. Les pneus sont importés à raison de 1,07 dollar par kilogramme. Or, à l'échelle internationale, le prix de ces pneus s'élève au moins à 3 dollars le kilogramme. Le marché est inondé d'imitations des pneus Michelin. Ces produits d'origine chinoise sont beaucoup moins chers. La douane s'est saisie du dossier. On attend des mesures. La fiscalité est également pénalisante pour le producteur. Le produit fini importé est taxé à 15% de droit de douane, alors que certains inputs, qui entrent dans la fabrication du pneu, sont frappés d'un taux de droit de douane de 30% comme les tringles”. Des obstacles bien réels que personne ne peut nier mais qui, selon les observateurs, ne peuvent justifier la morosité de cet exemple de partenariat algéro-français. Il vient ainsi donner raison à ceux qui invoquent une réticence française d'investir en Algérie. Qu'est-ce qui “bloque” vraiment Michelin Algérie, alors que tout indiquait que son expansion ne pouvait qu'aller crescendo au fil des années ? Comment les Indiens qui, ni historiquement ni géographiquement, n'ont pas de liens étroits avec l'Algérie ont pu s'implanter et réussir leur partenariat ? En effet, depuis que les Indiens de Mittal Steel ont pris 70% du complexe d'El-Hadjar (en septembre 2001), l'Etat algérien semble des plus satisfaits. En plus de la stabilité sociale avec la sauvegarde de l'emploi (8 600 personnes travaillent actuellement au complexe), il y a eu l'augmentation de la production et la mise en place d'un plan développement de plusieurs années qui semblent s'acheminer vers des résultats probants. C'est en tout cas ce qu'affirment les deux parties. Par contre, entre l'Algérie et la France, le coup de foudre partenarial ne semble pas aujourd'hui connaître d'actes concrets sur le terrain. Nicolas Sarkozy veut désormais asseoir une coopération plus tangible entre les deux pays. Son discours politique trouvera-t-il rapidement un début d'application ? Il faudra attendre la visite d'Etat qu'il effectuera en Algérie en novembre prochain pour connaître réellement le contenu qu'il a déjà discuté avec le président Bouteflika du partenariat d'exception algéro-français. Salim KOUDIL