Les Etats-Unis restent sous la menace d'Al-Qaïda, selon un rapport du renseignement américain qui devrait être présenté au Congrès mardi. La nébuleuse de Ben Laden redoublerait d'efforts pour infiltrer des agents opérationnels aux Etats-Unis et possède la plupart des capacités nécessaires pour frapper sur le sol américain, même si celui-ci est devenu plus difficile à atteindre depuis les attentats du 11 septembre 2001, est-il écrit dans ce rapport par le National Intelligence Estimates (NIE), qui coordonne les activés des 16 agences de renseignement du pays. Partant de la conclusion qu'Al-Qaïda a reconstitué ses centres de formation le long de la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan, le rapport avertit que les Etats-Unis seront confrontés à une menace terroriste persistante et en évolution, les trois prochaines années. Selon les experts du renseignement, Al-Qaïda chercherait toujours à se doter d'armes chimiques, bactériologiques, voire nucléaires. L'organisation de Ben Laden aurait réussi à reconstituer trois des quatre éléments-clés dont elle aurait besoin pour lancer une attaque en territoire américain : un repaire sur les régions tribales du Pakistan, des lieutenants opérationnels et de hauts dirigeants, le quatrième élément nécessaire n'est pas précisé. Le groupe terroriste serait dans sa phase opérationnelle qui consisterait à infiltrer des agents aux Etats-Unis. Toutefois, les experts estiment que les Etats-Unis sont devenus une cible plus difficile à atteindre pour Al-Qaïda grâce à la lutte menée dans le monde contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre 2001 et à la fermeture du territoire américain. Le rapport de NIE, qui offre un large panorama des menaces potentielles aux Etats-Unis, a nécessité la coopération d'agences nationales de sécurité comme la CIA, le FBI, le département de la Sécurité intérieure et le Centre national du contre-terrorisme (NCC). L'analyse de cette menace a relancé le débat aux Etats-Unis sur la nature de la menace et sur le fait de savoir si les décisions prises par l'Administration Bush, notamment l'invasion de l'Irak, avaient éloigné le danger du terrorisme. Le président Bush a reconnu, la semaine dernière, l'existence d'une menace persistante d'Al-Qaïda tout en utilisant l'alerte du NIE pour légitimer sa stratégie. “Les mêmes personnes, qui bombardent des innocents en Irak, nous ont attaqués en Amérique le 11 septembre”, a-t-il affirmé pour réaffirmer que ce qui se passe en Irak compte pour la sécurité des Etats-Unis. L'argumentaire est loin de faire l'unanimité. Au lieu d'achever Al-Qaïda en 2002 et 2003 le long de la frontière afghano-pakistanaise, le président Bush a choisi d'envahir l'Irak, détournant nos ressources militaires et du renseignement de la véritable guerre contre le terrorisme, dénonce le président de la commission du renseignement au Sénat, le démocrate Jay Rockefeller. D. B.