Un rapport des services de renseignement américain rendu public, mardi passé, affirme qu'Al-Qaïda a retrouvé des capacités d'attaque contre les Etats-Unis et va intensifier ses efforts pour y envoyer des agents. À voir la réaction à ce rapport de George Bush, qui a affirmé qu“Al-Qaïda est plus faible aujourd'hui qu'elle n'aurait pu l'être”, il y a lieu de croire que la nébuleuse d'Oussama Ben Laden s'est régénérée dans les confins de la frontière montagneuse séparant le Pakistan et l'Afghanistan. C'est du moins ce qu'affirme le document élaboré par les 16 services du renseignement américain, dont la CIA. “Al-Qaïda a sauvegardé ou reconstitué des éléments essentiels de sa capacité d'attaque contre le territoire américain : une base dans les zones tribales pakistanaises, des lieutenants opérationnels et sa direction”, lit-on dans le rapport. Les auteurs de cette analyse mettent en garde Washington en ajoutant : “Bien que nous n'ayons découvert aux Etats-Unis qu'une poignée d'individus liés aux dirigeants d'Al-Qaïda depuis le 11 septembre, nous pensons qu'Al-Qaïda va intensifier ses efforts pour y envoyer des agents.” Partant de ce constat, les services du renseignement américains aboutissent à la conclusion que “les Etats-Unis sont confrontés actuellement à une menace qui a augmenté”. Selon eux, Al-Qaïda est aujourd'hui toujours déterminée à provoquer un grand nombre de victimes dans des attentats aux Etats-Unis. Le rapport indique que la mouvance dirigée par Oussama ben Laden cherche toujours “à acquérir et à utiliser des matériaux chimiques, radiologiques ou nucléaires et n'hésiterait pas à les utiliser” s'il en a les moyens. Pour les services secrets US, Al-Qaïda en Irak “demeure” la filiale la plus visible et la plus compétente du réseau et la seule qui a exprimé le souhait d'attaquer les Etats-Unis. La même source met l'accent sur la prolifération de sites web extrémistes et la radicalisation des musulmans dans les pays occidentaux, même s'il estime qu'aux Etats-Unis la “menace interne musulmane ne devrait pas être aussi grave qu'en Europe” dans les années à venir. Ce rapport coïncide étrangement avec le doublement du montant de la prime de capture d'Oussama Ben Laden, décidé par le sénat américain, qui est désormais de l'ordre de 50 millions de dollars. Il y a également la mise en ligne récente sur internet d'une vidéo d'Oussama Ben Laden, ne comportant cependant aucune indication sur la date de son enregistrement. Ceci étant, le rapport des services du renseignement US a été mis à profit par les démocrates qui ont accusé George Bush d'avoir détourné les ressources américaines destinées à la lutte contre le terrorisme, en décidant d'envahir l'Irak en mars 2003, et d'avoir radicalisé bon nombre de musulmans en Europe et au Moyen-Orient. Réagissant à ces accusations, la conseillère de la Maison-Blanche à la sécurité intérieure, Frances Townsend, a affirmé que la lutte contre le terrorisme menée depuis 2001 par le gouvernement américain “a réduit la capacité d'Al-Qaïda à attaquer les Etats-Unis”. Sur sa lancée, elle s'est plainte de ne disposer que “rarement” du soutien total des pays alliés, chaque pays, selon elle, considérant cette lutte contre le terrorisme “à travers le prisme de son intérêt national”. Toujours dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis ont incité mardi le président pakistanais Pervez Musharraf, à lancer une offensive militaire contre les militants islamistes ayant trouvé refuge dans les zones tribales pakistanaises dans la région frontalière de l'Afghanistan. La zone tribale est réputée être le refuge de milliers de jihadistes qui avaient combattu contre les forces soviétiques en Afghanistan dans les années 1980. À la chute du régime taliban à Kaboul, la région tribale a accueilli les talibans en fuite ainsi que les membres d'Al-Qaïda fuyant l'invasion de l'Afghanistan. K. ABDELKAMEL