La nébuleuse de Ben Laden fait de plus en plus appel à des kamikazes marocains, dont le nombre serait de plusieurs milliers à travers le monde. Décidément, la guerre de Bush contre le terrorisme de Ben Laden a eu l'effet inverse de celui qui en était attendu. C'est ce que révèle en filigrane un rapport établi par le prestigieux et crédible Ilss (institut international d'études stratégiques) basé à Londres. Selon lui, en effet, Al Qaîda est désormais présente dans plus de 60 pays. Le rapport, relatif aux années 2004 et 2005, ajoute que «l'islam radical progresse en Europe de l'Ouest, où les musulmans se sentent souvent marginalisés». L'Iiss relève en outre que de nombreux Etats sont confrontés au «défi croissant» de la menace «asymétrique» constituée par «le terrorisme, les trafics illicites et le crime organisé», tous trois «étroitement liés». Ici, il convient de relever que le premier à avoir établi un lien direct entre ces trois fléaux et à avoir appelé à les combattre ensemble, via une stratégie globale, aura été notre pays. Alger, pour rappel, est même devenue la capitale de la lutte antiterroriste et contre le crime organisé depuis que s'y sont tenus, en 2002, deux séminaires internationaux relatifs à ces deux phénomènes. Sur le plan tout aussi opérationnel que prévisionnel, le rapport relève que «globalement, les risques d'actions terroristes contre les Occidentaux et les intérêts occidentaux dans les pays arabes semblent avoir augmenté après le début de la guerre en Irak, en mars 2003». Il est ajouté qu' «avec l'invasion militaire et l'occupation de l'Irak, les Etats-Unis ont démontré leur désir de changer le statu quo politique dans le monde arabe pour promouvoir les intérêts stratégiques et politiques américains». La nébuleuse terroriste Al Qaîda «tente (pour sa part), entre autres choses, de purger le monde arabe et, au-delà, musulman de l'influence américaine», relève le rapport. L'intervention américano-britannique en Irak a dès lors «renforcé à court terme le recrutement de «djihadistes» et intensifié la motivation d'Al Qaîda ainsi que l'aide (apportée) à des opérations terroristes», est-il indiqué en guise d'explication visant à atténuer la véritable catastrophe planétaire causée par les décisions intempestives de Bush. Le rapport relève en annexe que la prolifération du terrorisme dans le monde s'est notamment basée sur les kamikazes marocains dont le nombre est allé crescendo à travers le monde comme l'a relevé à juste titre le juge espagnol Garzonne, lequel a estimé le nombre de ces illuminés de Dieu à plusieurs milliers. Le Maroc, qui a longtemps soutenu la nébuleuse intégriste quand il était question de tenter d'affaiblir notre pays, subit à présent un violent retour de manivelle. Les sanglants attentats de Casa, semble-t-il, ne seraient que le prélude à la poussée terroriste que s'apprête à vivre ce royaume dont le trône n'en finit plus de chanceler. La Salafiya Djihadiya, fortement influencée par le défunt GIA algérien, lequel avait longtemps trouvé refuge en territoire marocain au point où son émir national Abdelhak Layada y avait été fait prisonnier, connaît une montée en puissance, encouragée en cela par la très grave crise sociale, politique, économique et de crédibilité qui n'en finit plus de secouer le royaume chérifien. Sur un tout autre chapitre, l'étude de l'Iiss souligne également que «même si le mouvement djihadiste global semble redoubler d'efforts pour déstabiliser le régime saoudien, qualifié d'ennemi proche, le discours public d'Al Qaîda indique clairement que les Etats-Unis, cet ennemi éloigné, restent quand même son principal adversaire». L'Iiss estime d'autre part que les changements intervenus dans les alliances traditionnelles, avec le regroupement à titre temporaire de plusieurs alliés parfois très divers, constituent un défi «en termes de compatibilité et d'interopérabilité». En clair, la lutte antiterroriste a encore pas mal de pain sur la planche parce que les Etats les plus forts dans le monde ne s'y sont pas pris à temps, quand notre pays était le seul à tirer la sonnette d'alarme, mais usent le plus souvent d'armes inappropriées, qui atteignent des résultats tout à fait contraires de ce qui en est attendu.