L'ex-président-directeur général de l'OPGI de Boumerdès, M. Henni Adda, a rejeté catégoriquement l'accusation portée contre lui dans le procès du séisme et concernant surtout le projet de la cité des 102-Logements de Corso où 19 personnes ont trouvé la mort. Appelé hier à la barre, M. Henni a estimé que le ministère est le seul maître d'ouvrage et l'OPGI n'est qu'un instrument de suivi du chantier. “C'est le ministère de l'Habitat qui est le maître de l'ouvrage du projet des 102-Logements de Corso et l'OPGI n'a rien avoir avec ce site”, a-t-il précisé. Le président du tribunal appelle ensuite l'experte Mme Yahiaoui qui a étudié ce dossier, qui affirme que les bâtiments 3 et 4 de 3 étages de la cité des 102-Logements de Corso se sont effondrés en raison de leur proximité d'une falaise de 50 mètres de profondeur. “Ces deux constructions étaient situées à 16 mètres du ravin”, a-t-elle ajouté avant de préciser : “Ces observations ont été faites sur la base du Règlement parasismique algérien (RPA) de 1999”. Ce qui a provoqué l'intervention d'un avocat qui a rappelé que les conclusions tirées par l'experte sont basées sur le RPA 99 alors que le projet de Corso a été entamé en 1983 pour s'achever en 1988. Par ailleurs, l'experte a conclu dans son rapport que l'effondrement des deux bâtiments est dû essentiellement “à la puissance du séisme et au mauvais choix de terrain” avant d'ajouter que de nombreux documents lui ont manqué lors de ses investigations à commencer par le permis de construire, le PV de choix de terrain, les analyses du sol, le PDAU, les plans de génie civil, les plans d'architecture. “Aucun de ces documents nous n'a été remis”, a-t-elle dit.Quant au projet des 102-Logements OPGI de Tidjellabine où 22 personnes sont mortes, l'experte désignée par le tribunal, Mme Azzouz a résumé l'effondrement de trois bâtiments dans la puissance du séisme et dans certaines anomalies relevées au niveau du béton et du ferraillage. “Le béton était de mauvaise qualité et présentait des ségrégations ainsi que le joint sismique entre les blocs qui n'était pas grand pour éviter le choc”, a ajouté Mme Azzouz. Le président du tribunal intervient pour interpeller l'experte sur le comportement du béton après le séisme. “Dites-moi si le béton perd ou non de sa teneur et de sa force après des secousses sismiques”, a-t-il lancé. Et c'est Mohamed Belazougui qui intervient pour dire que “si le béton armé n'est pas agressé, il augmentera plutôt de force”, a-t-il précisé. Un avocat intervient pour remettre en cause les échantillons d'analyse du béton après le séisme, invitant l'expert à expliquer par quel moyen l'expertise a démontré l'existence de microfissures sur le béton analysé. M. Belazougui affirme ne pas savoir si réellement un appareil ou un radar existe pour cette opération. Par ailleurs, les avocats ont remis en cause, hier, la désignation des experts chargés de relever les irrégularités des constructions du séisme du 21 mai 2003. Le premier à intervenir sur le sujet est Me Hadj Ali qui ne s'est pas gêné de poser la question au président du tribunal et à Mohamed Belazougui, directeur de la CGS, venu éclairer le tribunal sur la qualité du béton. “Est-ce que ces experts sont assermentés”, a affirmé Me Hadj Ali. “Votre question est hors sujet”, répond le président du tribunal, M. Benabdallah Redhouane. L'avocat revient à la charge. “Mais, c'est important pour nous de connaître la réponse”. M. Benabdallah lui signifie une seconde fois : “J'ai dit que votre question est rejetée.” L'avocat nous apprendra plus tard à la fin de la séance que “des experts membres des commissions n'étaient pas assermentés conformément au décret 94-07”, précisera-t-il. Aujourd'hui, c'est le tour des responsables de l'Entreprise de promotion de logement familial (EPLF) de venir s'expliquer sur les quelques sites touchés par le séisme. M. T.