Ajourné la semaine dernière, le procès a repris hier, en l'absence de M.Hamimid réclamé par la défense. Pas de report. Le procès du séisme de Boumerdès s'est ouvert hier au tribunal correctionnel de la même wilaya. Première remarque, l'absence de l'ex-ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme Nadir Hamimid. La présence de celui-ci a été jugée par la défense importante, afin d'éclairer la justice. Me Benbraham a expliqué à L'Expression à ce propos que «la non-présence de quelques responsables confirme leur culpabilité». Après avoir fait l'appel de toutes les parties, le président d'audience a présenté le programme des passages à la barre. M.Redouane Benabdellah, président de la séance, a instruit tous les experts et ingénieurs, notamment ceux des deux commissions ministérielles, de ne pas quitter la salle: «Je vous ordonne expressément de ne pas quitter la salle. Vous êtes tenus d'assister à toutes les séances, et ce, tout au long de ce procès.» Au menu de ce procès, on y trouve du côté des accusés, les responsables d'entreprises de construction et de promotion immobilière publiques et privées, des experts, des responsables de bureaux d'études et techniciens du CTC. Cinq lourds dossiers seront traités. Il s'agit des projets de l'Opgi, de l'Eplf, de la coopérative Derriche, la cité universitaire de Corso et le dossier de la Sntf. Pour la séance d'ouverture d'hier, les responsables de l'Opgi sont les premiers à passer à la barre. Ce promoteur est accusé dans sept projets. Il s'agit de ceux des 132 et 80 logements de Zemmouri, 20 logements à la commune de Sidi Daoud, 102 logements à Corso, 50 à Dellys, et enfin les 20 et 219 logements à Tidjelabine. Le directeur général de l'Opgi, M.Heni Adda Kamel a été, donc, le premier à répondre aux questions du président sur d'abord le projet des 132 logements de Zemmouri. Ce dernier demande à l'accusé de lui définir «la responsabilité» de son organisme en sa qualité de directeur général. Après une brève définition qui ne satisfait pas le président d'audience, celui-ci lui demande alors de bien définir ses fonctions et ses missions au sein de l'Opgi. Bien informé sur le dossier, le président de la séance cherche à amener l'accusé à s'assumer en tant que premier responsable du secteur. «Vous êtes à la tête de la pyramide», de l'Opgi et «vous devez répondre à toutes les questions du tribunal», lance le président Benabdallah. Le directeur de l'Opgi est sous le coup d'accusation «d'homicides involontaires, blessures involontaires, fraude dans la qualité des matériaux de construction» et aussi de «non-respect des normes de construction parasismique». Pour l'accusé, ces accusations sont infondées, il se fie à la puissance divine. D'après lui, l'Opgi n'a aucune responsabilité dans «cette catastrophe naturelle». «L'Opgi a pris toutes ses dispositions techniques pour bâtir des constructions conformément aux normes», précise Heni Adda. Et de continuer à expliquer que l'Opgi a construit les logements en question, en respectant tous les détails techniques suivant les rapports établis par le bureau d'études et le CTC. Mais le rapport d'expertise du juge d'instruction qui révèle qu'il y a eu «fraude dans la qualité des matériaux de construction» incite le président de la séance à revenir à la charge. Et de réaffirmer que les résultats du rapport du CTC sont complètement faux. Le procureur, M.Belhadj Abdelmadjid, intervient et pose quelques questions. «Pourquoi avez-vous choisi un bureau d'études qui n'est pas expérimenté?» lui demande-t-il, autrement dit, le procureur reproche à l'accusé d'avoir choisi un bureau d'études qui n'est pas en mesure de faire une étude de faisabilité sur un chantier d'une telle envergure. L'accusé répond que le bureau d'études choisi est agréé, et qu'il y existe une commission et un service chargés du contrôle et du suivi des projets. A propos du choix du site, l'accusé, répond que «le choix du site s'est fait au niveau de la commission de wilaya» chargée de cette mission. S'agissant de la fraude dans les matériaux de construction, il a été mentionné dans le rapport du juge d'instruction, l'utilisation de rond à béton, ciment et sable qui ne répondent pas aux normes internationales de construction. A 13h30, le président lève la séance du matin et demande à toute les parties d'être présentes 1 heure plus tard. L'après-midi, l'audience reprend. Le directeur général de l'Opgi repasse à la barre. Le tribunal continue à demander des explications à l'accusé, toujours à propos du site des 132 logements de Zemmouri avec le même intitulé de l'accusation: «Homicides involontaires, blessures involontaires et fraude dans la qualité des matériaux de construction utilisés». Le procès se poursuit. Les responsables des bureaux d'études et les experts se sont succédé à la barre. Ainsi, le tribunal de Boumerdès va poursuivre l'interrogatoire afin de faire la lumière sur les tenants et aboutissants de cette affaire dite de l'Opgi. Le même traitement sera réservé aux sept projets de logements cités en référence.