Séance n Un rapport accablant montre de graves carences dans les constructions et le non-respect des règles. Le tribunal de Boumerdès accuse les responsables de l'OPGI, de l'EPLF et du CTC de fraude et de tricherie dans la construction. Le procès du séisme de Boumerdès s'est ouvert, hier, au tribunal correctionnel de cette ville en présence de 38 accusés, 45 témoins et quelque 400 victimes qui se sont constituées partie civile. Dans cette affaire qui promet des révélations dans les prochaines audiences, le juge en charge du dossier a retenu comme chefs d'inculpation «l'homicide involontaire, la fraude dans la qualité des matériaux de construction et la non-application des lois en vigueur en matière de bâti». Ces charges retenues concernent principalement des responsables des OPGI et EPLF auxquels est reprochée la négligence dans la construction des cités 132-Logements de Zemmouri, 120-Logements de Tidjelabine et les 102-Logts de Corso. En première audience, le principal accusé, Heni Adda Kamel, ex-DG de l'OPGI de Boumerdès, a nié sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés en invoquant «la volonté divine» dans ce qui s'est passé. Mais pour le juge, les rapports des expertises mettent à nu la «fraude et la tricherie dans la construction et les études qui n'ont pas été effectuées correctement». Pis encore, le rapport d'expertise lu devant l'assistance révèle de graves carences : «Des poteaux qui devaient être composés de 6 barres de fer n'en contenaient que 4, les espaces entre les étriers varient entre 35 et 40 cm alors qu'ils ne doivent pas dépasser 15 cm». Le rapport mentionne également qu'«à 189 mètres de profondeur, il ne s'y trouve pas une couche solide alors que le gravier utilisé est du type roulé à la place du concassé et le ciment utilisé est de 250 au lieu de 350». Un niveau de fraude qui, selon le juge, a causé l'effondrement de toutes les constructions des cités. Les accusés ont, bien entendu, essayé de se défendre en faisant valoir la responsabilité partagée de tous les acteurs sur le terrain. Ce que le juge et le procureur de la République ont réfuté dans la séance de l'après-midi au cours de laquelle ils ont entendu le chef de service de l'OPGI de Boumerdès, des représentants du CTC et des entrepreneurs, accusés également dans cette affaire. Toutefois, l'ex-ministre de l'Habitat, qui devait être entendu comme témoin, ne s'est pas présenté, alors que les témoins ont insisté sur son témoignage précieux. Rappelons que le séisme de Boumerdès, outre la destruction de 9 467 logements, a causé la mort de 1 391 personnes et fait 3 444 blessés.