Depuis que le littoral oranais a été totalement saccagé et enlaidi par une urbanisation anarchique qui relève plus de la gourbisation et, surtout, depuis que les effets de la pollution ont provoqué un désastre environnemental et écologique, le souci de préserver les îles Habibas a été un défi et un soulagement pour les amoureux de la mer et les écologistes. En effet, cet archipel au large de la côte ouest est le premier espace marin classé réserve naturelle marine grâce à la loi n°02-02 relative à la protection et à la revalorisation du littoral. la qualité paysagère de cet archipel, constitué en fait de cinq petits îlots, sa richesse et les différents écosystèmes qui y existent en ont fait un site privilégié faisant depuis peu l'objet d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics et du ministère de l'environnement. Ce dernier a, par le biais d'un programme de coopération avec la France, impliquant de part et d'autre plusieurs partenaires, comme le Front français pour l'environnement mondial, le conservatoire français du littoral, la fondation Nicolas-Hulot et, du côté algérien, le commissariat national du littoral, le laboratoire de biologie marine de l'université d'Es Senia, élaboré un plan d'aménagement et de préservation des îles Habibas. Ce plan d'aménagement, qui peu à peu est mis en œuvre, et qui a bénéficié au départ d'une première enveloppe estimée à un million d'euros, doit s'appuyer sur des campagnes scientifiques annuelles menées par les scientifiques de la fondation, venus à bord du navire Fleur de Lampaul, ainsi que des chercheurs algériens et des bénévoles de certaines associations écologiques locales. Ainsi, tout récemment, les conclusions des scientifiques, qui ont fait un travail de récolte de données et l'inventaire de la flore et de la faune sous-marines sur l'île, ont été rendu publiques. Ce constat fait renforcer l'idée de la richesse des écosystèmes sur les îles Habibas avec, parfois, même la présence d'espèces animales ou végétales rares et protégées dans le monde, voire même menacées de disparition. Ainsi, l'actualisation de l'inventaire faunistique et floristique relève la présence d'espèces rares et protégées, comme le goéland d'Audouin, le puffin cendré, le faucon d'Eléonore, le cormoran, le blabuzard pêcheur… Plusieurs faciès marins remarquables et plusieurs espèces marines tels que la palette géante, le triton, la grande nacre, la gorgone rouge, l'herbier de Posidonie, l'oursin dadiène, le mérou noir… se trouvent au niveau des écosystèmes de ces îles, d'où, aujourd'hui, un travail de fond qui doit se tenir pour, d'une part, sensibiliser les pêcheurs qui se livrent depuis des années à des pêches intensives et illégales, mais aussi les visiteurs toujours nombreux et autres campeurs habitués à s'y rendre durant la saison estivale. Ce travail de sensibilisation se fait par le biais de rencontres et la participation de certains aux différentes missions scientifiques qui ont déjà eu lieu. Dans ce cadre, les gardes-côtes de la frange marine ouest ont été étroitement impliquées pour renforcer la surveillance au niveau des îles ; les futures gardes du parc et de la réserve sont aussi en cours de formation et ont, eux aussi, été appelés à suivre ces missions. Les mesures de préservation et de protection préconisées sont, entre autres, la mise en place de cartographies de répartition des espèces stratégiques pour la mise en place de moyens destinés à limiter les invasions biologiques tel que le rat noir et le lapin, introduits accidentellement, menaçant ainsi l'équilibre écologique, la création de sentiers de promeneurs bien balisés pour que les visiteurs n'aillent pas de façon intempestive piétiner et arracher des plantes rares… Toutes ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie intégrée conforme à la loi du littoral. Mais le nerf de la guerre reste l'argent et, ainsi, toutes ces actions doivent être soutenues par des financements exploités rationnellement. Mais pour les futures générations, il est aussi indispensable que ce projet permette aux jeunes de découvrir l'intérêt de ce don de la nature pour qu'ils agissent à leur tour dans la poursuite de la préservation des îles Habibas. F. BOUMEDIENE