De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Le littoral de la wilaya de Tlemcen, frange d'un linéaire de 73 km de façade maritime, compte huit communes où toutes sortes d'activités génèrent des rejets industriels non approprié, multipliant ainsi les risques d'une urbanisation anarchique et l'amenuisement des espaces naturels et agricoles et surtout les méfaits de l'érosion hydrique. Dans ce sillage, tient à préciser un spécialiste, on s'efforce de mettre progressivement en application la loi 02-02 de février 2002 relative à la protection de l'environnement durable des zones côtières. A cet effet, une commission est chargée de suivre l'application de cette loi, qui prévoit notamment le reboisement de 200 ha et la construction d'ouvrages de correction torrentielle de 5 000 m3, etc. Sous un autre angle, la frange côtière est un lieu d'activités humaines, mais aussi de concentration de pollutions. Les spécialistes définissent la pollution marine comme étant «l'introduction par l'homme dans le milieu marin ou dulçaquicole, directement ou indirectement, de substances ou d'énergies, ce qui entraîne des effets délétères tels que dommage aux ressources biologiques, danger pour la santé humaine, entrave aux activités, y compris la pêche, diminution de la qualité de l'eau, du point de vue de son utilisation, et réduction des possibilités offertes dans le domaine des loisirs». A Tlemcen, le littoral n'a pas connu de grandes marées noires. Mais, il n'est pas rare, surtout à la mauvaise saison, de trouver des oiseaux mazoutés ou encore quelques galettes de mazout éparpillées sur la plage. Preuves tangibles des dégazages effectués en mer par les grands tankers qui nettoient leurs cuves de transport et déversent les hydrocarbures résiduels à la mer. L'effet sur les oiseaux vivant en pleine mer est évident.Dans ce contexte et à titre d'exemple, le site de Rechgoun est un exemple intéressant de conflit entre urbanisation, d'une part, et protection de l'agriculture, de l'environnement et du patrimoine historique, d'autre part. Après des décennies d'extension urbaine quasiment anarchique, de nouveaux instruments juridiques, au service d'une autre politique de développement du littoral, sont mis en œuvre, mais avec difficulté.Ce site, à l'image de Aïn El Turck et de Bousfer à Oran ou de Stidia à Mostaganem, subit depuis peu un processus d'urbanisation intense. Celui-ci est imputable à la fois au développement démographique des grandes villes côtières, au développement du tourisme sous la forme principalement de résidences secondaires et à la dynamique d'aménagement touristique impulsée par l'État. Pourtant, Rechgoun est devenu une station balnéaire qui offre un bon exemple du développement touristique algérien : plus de 1 500 000 estivants ont fréquenté ses plages entre juin et octobre 2008, selon les données avancées par la Direction du tourisme, soit le quart de la fréquentation totale du littoral. Tout comme Rechgoun, Ghazaouet est exposée, elle aussi, aux principaux métaux lourds présents dans les sédiments et les eaux marines qui ne sont autres que le cuivre, le zinc, le manganèse, le plomb, le mercure et le fer. Ces constituants naturels de l'écorce terrestre, sont, après une altération géologique et l'érosion, transportés vers la mer par les eaux de ruissellement des pluies et les oueds. Outre ces apports naturels, il faut considérer des apports anthropiques parfois considérables liés aux diverses activités industrielles menées à terre. Néanmoins, on peut considérer que la situation n'est pas très alarmante même si des zones présentent des pics. Dire par là que la pollution par les métaux lourds affecte beaucoup et presque de façon systématique les sédiments portuaires, les principaux ports de la région ouest, c'est-à-dire ceux des régions abritant des complexes, révèlent d'importantes charges de pollution par les métaux lourds. Cela dit, la pollution par les métaux lourds affecte de manière différente les ports où d'importants charges en zinc, plomb, mercure et cadmium, aussi bien dans les sédiments de l'intérieur que de l'extérieur des ports, entre autres Ghazaouet, Beni Saf, Honaïne, Bouzedjar et même Oran . Ces ports, qui font pourtant l'objet d'une surveillance soutenue, montrent des niveaux critiques de pollution par les métaux lourds, notamment le plomb et le cuivre. Selon les spécialistes, ces concentrations en polluants métalliques classent certains ports comme zones à risques importants sur le littoral algérien. Donc, protéger le littoral c'est faire appel aux disciplines telles que la géographie et l'aménagement du territoire, le droit et l'économie de la mer, le traitement des pollutions, ainsi qu'aux métiers de garde du littoral ou d'animateur pour préserver la mer et l'environnement.