De nombreux propriétaires de camions-citernes investissent, depuis plus d'un mois, les principaux quartiers de la ville afin de vendre de l'eau. Cette eau est ramenée depuis la localité de Tassala, située sur les montagnes du nord-ouest de la wilaya. La situation, inédite qu'elle est, est telle que la daïra de Mila a tiré la sonnette d'alarme en réunissant, récemment, tous les membres de la commission des maladies à transmission hydrique (MTH), pour débattre du sujet. “La vente informelle de l'eau est interdite pour ce qu'elle pourrait avoir comme retombées sur la santé publique”, nous dit l'un des membres de ladite commission. Mais, depuis, rien n'a été fait apparemment pour juguler le phénomène qui est sur une courbe ascendante. En effet, vendue initialement à 1 dinar le litre, cette eau des citernes coûte actuellement 1,50 dinar, en raison de l'engouement chez les consommateurs. Aussi, la question qui se pose est de savoir ce qui pousse les citoyens dans une ville alimentée pourtant en eau un jour sur deux à acheter encore de l'eau de table dans le marché parallèle. À ce propos, on a pu recueillir essentiellement trois réponses différentes. Pour les habitants du quartier dit ESTE, c'est la mauvaise qualité de l'eau de robinet qui les pousse à s'approvisionner chez les marchands informels. “Nous sommes approvisionnés de façon suffisante par l'ADE, mais la qualité n'est pas toujours bonne”, nous a affirmé l'un des habitants de ce quartier. Les habitants du quartier DNC, quant à eux, trouvent que c'est surtout l'insuffisance de l'alimentation qui les oblige à acheter l'eau des citernes. Leurs propos ont d'ailleurs été confirmés par notre interlocuteur : “Ce quartier sur les hauteurs de la ville est moins doté en eau que les autres.” En revanche, une troisième catégorie de gens préfère cette eau charriée à coups de citernes pour sa supposée grande qualité. “Nous sommes suffisamment approvisionnés en eau de robinet, mais je me permets toujours quelques litres chez les revendeurs. L'eau de Tassal est d'une qualité incomparable”, nous dit un commerçant de la ville. Il est à souligner que la région de Tassal a fini par se faire une réputation, voire un nom, sur la place locale, pour la qualité de l'eau de ses sources. Mais quoi qu'il en soit, les membres de la commission MTH plaident pour l'interdiction, ou du moins le contrôle strict, de cette activité. “Il faut que la police des eaux joue son rôle, notamment en cette période estivale très favorable à l'apparition de maladies à transmission hydrique. Aussi, il faut lutter contre la vente informelle de l'eau, ou du moins s'assurer de ses qualités bactériologiques. On n'est jamais trop prudent”, nous dit notre interlocuteur. Il faut convenir enfin que si l'interdiction pure et simple de cette activité n'est pas vivement souhaitée, sa balisation, en revanche, procède de l'impératif de préserver la santé publique. K. BOUABDELLAH