La mort tragique d'un lycéen qu'on a retiré des eaux du barrage de Beni Haroun, avec un pneu autour de la taille, est un drame que les habitants de Mila veulent à tout prix éviter. Ce barrage est devenu désormais synonyme de malheurs. Une moyenne de 5 noyades par an y a été enregistrée durant ces trois dernières années. En période estivale, ce barrage devient l'ennemi numéro 1 des pères de famille, craignant pour leur progéniture. Durant les étés 2004, 2005 et 2006, on a enregistré 16 noyades par saison. Les victimes sont, pour la plupart, des enfants ou des adolescents. L'on se rappelle encore de cet écolier de Ferdoua qui a été retiré du fond du barrage avec un pneu de voiture autour de la taille, ou encore ce lycéen de Sidi Mérouane qui s'est noyé après s'être coincé dans les garde-fous d'un pont submergé. Et les exemples de ce type, qui donnent la chair de poule aux plus hardis, sont légion. Aussi, les riverains lancent un appel, un cri de détresse, aux autorités afin de les aider à endiguer le phénomène des baignades dans les eaux du barrage, particulièrement en cette période de canicule où le besoin de fraîcheur devient impérieux. “On a beau faire pour les dissuader (les enfants, ndlr), ils n'en ont cure. Et puis, on ne peut les surveiller en permanence. Pratiquement, ce n'est pas possible”, nous dira un père de famille de la commune de Sidi Mérouane. Au sujet de l'aide souhaitée, notre interlocuteur ajoutera : “Les services de la gendarmerie peuvent jouer un rôle extrêmement important, en effectuant des rondes du côté du barrage. L'ANB aussi peut participer, à travers ses brigades, à l'opération, ou par l'implantation de panneaux de mise en garde dans l'environnement du lac. Quand ça vient des autorités, la chose aura certainement plus d'impact.” Un autre citoyen parle, quant à lui, de l'école et du plan Delphine. “L'école peut jouer un rôle de sensibilisation en amont de la saison estivale. La gendarmerie, quant à elle, peut étendre les opérations prévues dans le cadre du plan Delphine à la surveillance du barrage, puisque l'un des objectifs dudit plan est de sécuriser certains endroits pendant la période de l'été.” En attendant la réaction de ceux dont l'interposition n'est que vivement souhaitée, les riverains vivent avec la peur au ventre et le sentiment que la macabre liste des victimes pourrait bien s'étendre si rien n'est fait dans l'immédiat. K. BOUABDELLAH