La France a décidé d'accélérer la cadence du rapprochement avec la Libye, après que le président libyen Mouammar Kadhafi eut décidé de libérer les infirmières bulgares. Juste après cette libération le président français Nicolas Sarkozy a assuré que Paris comptait signer de nouveaux “accords de coopération” avec Tripoli, en soulignant que d'autres pays occidentaux n'étaient pas en reste. M. Sarkozy, qui doit rencontrer aujourd'hui en Libye Mouammar El Kadhafi, a indiqué avoir déjà dit au dirigeant libyen que “la meilleure façon de se tourner vers l'avenir de façon apaisée, c'était de régler ce problème”, en ajoutant qu'il avait fait un “préalable” de la libération des praticiens bulgares. “Il y a eu ces dernières années une incontestable recrudescence d'intérêt en France pour la Libye, mais cette affaire empêchait une normalisation complète”, souligne un diplomate français sous le couvert de l'anonymat. Une fois la libération acquise, “on peut penser que M. Sarkozy fera primer, comme ailleurs dans la région, les intérêts réalistes des entreprises françaises” attirées par un pays aux fortes ressources en hydrocarbures, estime pour sa part François Burgat, spécialiste de la Libye à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam). M. Sarkozy pourrait aussi pousser auprès de Tripoli deux objectifs qui lui sont chers : la création d'une union méditerranéenne et la lutte contre l'immigration sub-saharienne qui transite par l'Afrique du Nord. La visite de l'ex-président français Jacques Chirac en 2004 témoigne de l'embellie des relations entre les deux pays. Cette visite est considérée comme la premier dans l'histoire du pays depuis son indepandence en 1951. Des progrès ont aussi été enregistrés dans des domaines sensibles, avec la reprise de la coopération franco-libyenne en matière de défense en février 2005, et un accord sur la recherche nucléaire civile en mars 2006. Par ailleurs, les cinq infirmières et le médecin bulgares visiblement fatigués après huit années et demie dans les prisons libyennes, ont été accueillis dans la liesse par leurs familles sur le tarmac de l'aéroport de Sofia à leur descente d'un avion du gouvernement français. “Je n'ai vécu que pour ce moment”, a déclaré, larmes aux yeux, l'infirmière Snejana Dimitrova, âgée de 54 ans. Yeux cernés, cheveux grisâtres, cette femme épuisée s'est jetée dans les bras de son fils Ivaïlo et sa fille Paulina en répétant : “Je suis innocente, je n'ai jamais été condamnée.” À côté d'elle, Valentina Siropoulo, 48 ans, retrouvait son fils, collégien à son départ en Libye dans les années 1990 et désormais étudiant à l'université. “Je suis en Bulgarie, la grande Bulgarie !” se félicitait le médecin d'origine palestinienne Achraf Joumaâ Hajouj récemment naturalisé bulgare. Djazia Safta/agences.