Ils avaient chacun remis une somme de 10 millions de centimes, soit une cagnotte de un milliard aux deux individus originaires de Béni-Saf qui n'ont donné aucun signe de vie. L'opération spectaculaire, menée par la Gendarmerie nationale au niveau du littoral témouchentois et ayant donné lieu à l'arrestation de 56 harragas venus de plusieurs régions de l'Ouest algérien, n'était en fait qu'un coup d'épée dans l'eau pour les malheureux candidats à l'immigration clandestine. En effet, l'enquête menée par la gendarmerie a révélé qu'il s'agissait ni plus ni moins que d'une escroquerie savamment orchestrée par deux commanditaires originaires d'Oran aidés dans leur tâche par deux complices résidant à Béni-Saf. En effet, ils étaient une centaine à vouloir tenter cette aventure meurtrière puisque le reste, soit 44 personnes, ont réussi à prendre la poudre d'escampette, mais sans avoir laissé des plumes. C'est ainsi que les cent harragas ont remis chacun une somme de 10 millions de centimes, soit une cagnotte de un milliard aux deux individus originaires de Béni-Saf qui n'ont donné aucun signe. Seul le véhicule de type Peugeot 206 appartenant à l'un des escrocs se trouve entre les mains des gendarmes. Notre source nous révèle que les quatre têtes pensantes de cette opération se réunissaient dans un café situé au centre-ville de Aïn Témouchent pour élaborer leur plan diabolique jusque-là réussi. Avant de s'envoler avec le pactole, ces derniers, accompagnés des représentants du groupe de harragas qui se trouvait cantonné au niveau de la forêt de Terga mitoyenne à la plage Chatt El-Aïn non surveillée par laquelle ils devait prendre le départ, ont donc pris le soin de faire une randonnée du côté du port de Béni-Saf pour leur montrer le bateau qui devra les ramener vers l'éldorado espagnol. En tout état de cause, l'un des complices arrêté par la gendarmerie est un élément qui était recherché par le parquet d'Es-Sénia pour faux et usage de faux. Ainsi, l'aventure pour l'eldorado espagnol n'était fait qu'une chimère pour les nombreux jeunes et qui en fin de compte ont tout perdu. Les 56 harragas devaient être présentés hier devant le procureur de la République près le tribunal de Aïn Témouchent pour tentative d'immigration clandestine et escroquerie pour deux d'entre eux. Les deux autres individus originaires d'Oran, qui ont réussi à s'accaparer la somme d'argent, restent activement recherchés. En effet, ce n'est pas la première fois que ce genre d'arnaque a eu lieu dans la wilaya de Aïn Témouchent qui dispose d'un littoral long de 80 km. D'autres victimes sont déjà passées à la trappe. Parmi elles, des désœuvrés et ceux en particulier des jeunes qui font face à une oisiveté provoquée par un chômage de plus en plus contraignant. Pour l'information, Aïn Témouchent compte un taux de chômage qui avoisine les 15%. C'est vrai que les harragas ne sont pas tous originaires de la wilaya de Aïn Témouchent, mais les jeunes de cette région ne sont pas épargnés non plus par ce phénomène. Devant l'absence d'opportunités de travail, la tentation pour une aventure vers l'autre rive à la recherche de l'eden espagnol se fait de plus en plus désirer par des dizaines sinon des centaines de jeunes. Si plusieurs jeunes ont réussi la traversée méditerranéenne dans des barques de fortune équipées de moteurs de secours et dont une bonne partie se fait refouler par la guardia espagnole, nombreux sont ceux qui ont péri en mer alors que les plus chanceux ont été repérés avant même de quitter le sol algérien. M. Laradj