Tous ceux qui se rendent à Fontaine Fraîche, en empruntant le tronçon de la RN12 situé entre les villes de Yakouren et d'Azazga (chef-lieu de daïra), ne vont pas manquer de remarquer ces derniers temps la présence des dizaines de jeunes, sacs en main, en quête de potentiels acheteurs de leur miel truqué qu'ils proposent comme “pur miel d'abeilles produit dans la région”. Pour parvenir à écouler le maximum de flacons de cette mixture présentée comme du miel, tous les moyens sont bons et permis pour ces vendeurs aux mille et une ruses. Ils utilisent les singes magots comme appât auxquels ils offrent de la nourriture de sorte à les rassembler en petits groupes. Ces derniers captent ainsi l'attention des gens, notamment des automobilistes qui s'arrêtent voir, occasion idéale pour nos marchands d'aborder leurs “victimes” en leur proposant le vrai faux “miel aux mille et une vertus”. L'essentiel pour eux est de vendre la marchandise qui n'est en réalité qu'une mixtion réussie de sucre et de quelques arômes lui donnant l'odeur et l'apparence du miel. Les naïves victimes, prises entre les prix attractifs proposés et une totale inexpérience, se laissent souvent arnaquer. “Il faut être apiculteur pour savoir différencier le bon miel du contrefait”, dit un apiculteur membre du conseil de gestion des apiculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Pis, ajoute-t-il, “la malice de ces marchands prend toutes les apparences d'honnêteté en invitant, par exemple, leurs proies à goûter le produit naturel et sauvage cueilli dans les parages de ce massif forestier”. En réalité, la baisse qu'a connue la production de miel ces trois dernières années, en raison du taux très élevé de mortalité des abeilles due aux différentes maladies ayant frappé ces insectes hyménoptères pendant leur cycle de vie, a porté de graves préjudices à l'activité apicole. Les étalages sont tout le temps remplis de miel truqué. “Les prix affichés oscillent généralement entre 1 200 et 2 000 DA le litre, alors que le miel naturel a atteint, lui, notamment en cette période de disette, 3 800 DA le litre”, ajoute notre source, mettant en exergue la nécessité de labelliser le produit apicole. C'est dire que, avant de commercialiser le miel, l'apiculteur doit passer impérativement par un laboratoire spécialisé afin d'apposer un label portant gage et garantie sur la qualité de son produit. Par ailleurs, il faut signaler que cette activité est d'un intérêt non négligeable et que le marché local a connu une effervescence on ne peut plus importante, particulièrement suite aux aides accordées aux apiculteurs afin de booster l'agriculture de montagne. “Ainsi, il est donc plus que nécessaire de défendre notre produit et lever le voile sur ce fléau insidieux qui a pris des proportions inouïes”, ajoute notre interlocuteur. Signalons qu'une série de mesures a été prise par les apiculteurs de Yakouren dans le cadre de leur lutte contre la contrefaçon de miel. Cette initiative vise principalement à limiter les pratiques insidieuses de certains jeunes qui n'hésitent pas, avant même la période des récoltes, à proposer leur “miel”, dans des endroits prisés, à des prix défiant toute concurrence. Hacène AOUIDAD