Le général major Ahmed Bousteila a prôné la poursuite du processus de modernisation du corps de la gendarmerie pour mieux lutter contre les nouvelles formes de criminalité. Le commandant de la Gendarmerie nationale, le général major Ahmed Bousteila, a procédé samedi à l'installation des nouveaux commandants des 4e, 5e et 6e régions. Il a prôné dans son discours, qu'il a prononcé lors des passations de consignes à Tamanrasset, Ouargla et Constantine, la poursuite du processus de modernisation et de professionnalisation avec un accent mis sur la spécialisation, nécessité induite par les nouvelles formes de criminalité. Après l'accalmie du front sécuritaire, d'autres priorités ont vu le jour et exigent l'adaptation du corps à travers des formations spécialisées, notamment de la police judiciaire. Ce processus aux diverses directions est lié également au souci de moralisation du corps de la gendarmerie. L'assainissement, à travers des mesures extrêmes, et les radiations ont touché depuis l'année 2000 quelque 5 000 gendarmes par mesure disciplinaire ou admis à la retraite d'office. Parmi ces cas, 1 600 éléments ont été rayés du corps après leur traduction devant la justice. Il est à relever aussi que 4 000 gendarmes ont été mis à la retraite dans le cadre du renouvellement du personnel. Le commandant de la Gendarmerie nationale est revenu également sur la mise en place des nouvelles structures telles que celle de la police scientifique et technique “pour développer l'analyse criminelle et automatiser les banques de données qui collectent et analysent tous les renseignements”, a-t-il souligné. Le centre de documentation qui regroupe les systèmes AFIS d'identification biométrique et IBIS d'identification balistique sont déjà opérationnels. Dans le cadre de la lutte contre la criminalité, un service des investigations criminelles a été créé au niveau du commandement avec des démembrements sur tout le territoire national, à travers les services de police judiciaire régionaux. Les sections de recherche n'ont pas chômé ces dernières années, sachant que de nombreuses affaires ont été confiées à la Gendarmerie nationale. La police judiciaire disposera, selon le général Bousteila, d'une école nationale qui devrait s'ouvrir prochainement. Lutte contre la criminalité : la formation s'accélère Projetée dans le futur et pour se préparer “au génie des criminels” qui recourent eux aussi à des méthodes plus élaborées, la GN a lancé le projet de l'Institut de criminalistique et de criminologie qui sera prochainement réceptionné. Un vaste programme de formation, y compris à l'étranger dans différentes spécialités, a été lancé. Les premiers techniciens ont déjà terminé leur stage. L'institut sera doté des moyens techniques les plus modernes pour répondre aux besoins en matière de preuves, d'indices et de reconstitutions de la justice. Le général a mis également en exergue les efforts consentis en matière de formation des unités d'intervention. Le centre de formation des unités d'intervention dispense une formation aux techniques d'intervention tendant à préserver l'intégrité physique des citoyens. Le phénomène des accidents de la circulation, qui a pris des proportions alarmantes, est également pris très au sérieux au niveau de la gendarmerie qui déploie 7 000 éléments entre les nouveaux formés et les recyclés. Mais, malgré les efforts de prévention, la sécurité routière demeure problématique en l'absence ou de la timide implication des autres intervenants et d'une politique claire. Il est d'ailleurs prévu dans le programme de la GN la création d'un centre d'information et de coordination routière pour le traitement de l'information, la gestion et le contrôle du trafic routier, l'information des usagers et une projection au niveau régional. Le centre de lutte contre la cybercriminalité, dont la mission est la lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies de l'information et de la télécommunication, sera mis en œuvre à la fin de l'année en cours. Surveillance des frontières : 160 nouveaux postes frontaliers seront réceptionnés en septembre Le contrôle et la surveillance des frontières sont également un axe essentiel des missions de la gendarmerie qui a renforcé le contrôle et la surveillance, d'autant que le trafic de stupéfiants et, à un degré moindre, d'armes et d'explosifs et la contrebande connaissent, selon les bilans réguliers, une tendance à la hausse. Le général Bousteila a cité, à ce propos, l'exemple des 160 nouveaux postes frontaliers en chantier à la frontière ouest qui seront réceptionnés au mois de septembre prochain. Le système de communication son-image-messagerie électronique (Runitel) sera effectif à partir de l'année prochaine dans la 1re région, avant sa généralisation à travers tout le territoire national. “Il s'agit aujourd'hui de maîtriser ces moyens et surtout de les rentabiliser dans la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, y compris la lutte contre le terrorisme”, a-t-il souligné. Dans ce dernier combat, la gendarmerie accompagne l'intensification de la lutte contre les dernières poches du terrorisme, par le renforcement de sa présence et de ses moyens. Le commandant de la gendarmerie s'est rendu à Oum El Bouaghi pour inspecter les chantiers du groupement d'intervention et celui de la section de recherche, l'école des unités d'intervention de M'daourouch à Souk Ahras, ainsi que le groupement et l'escadron de la sécurité routière d'El Tarf. Dans les régions, le général Bousteila a procédé à l'installation de nouveaux commandants. Le commandant du 6e commandement régional (Tamanrasset), le colonel Tahar Otmani, prend le 4e CR, Ouargla, celui du 4e CR, le colonel Amar Tounsi, monte au 5e CR, Constantine. Le colonel Belkacem Chergui est installé à Tamanrasset en remplacement d'Otmani, alors que le général Ahmed Toufik Mammeri du 5e CR est appelé à prendre le poste de commandant de la division de maintien de l'ordre au niveau central. Homme d'une grande expérience, affable, il n'hésite pas à aborder les sujets qui demeurent encore pour certains tabous. Dans son bureau, il évoque particulièrement le problème de la Kabylie avec une certaine amertume par rapport aux développements que la région connaît au niveau sécuritaire. Reconnaissant une certaine amélioration, certes, le général Mammeri s'appuie cependant sur les doléances de citoyens et d'élus tirant la sonnette d'alarme sur l'évolution dramatique de la violence sous toutes ses formes et l'insécurité qui s'est installée. La présence de la gendarmerie est un élément rassurant et dissuasif qui doit être accompagné d'une communication avec le citoyen. Des cadres maîtrisant le kabyle sont affectés dans la région pour faciliter le contact avec la population et surtout communiquer. Chose qui a longtemps fait défaut. Et qui a coûté aussi son prix à la gendarmerie. Chose enfin qui sera rétablie et rectifiée. On évoque au passage, comme illustration, les multiples demandes émanant de comités de villages, de groupes de citoyens et d'élus locaux pour le retour de la gendarmerie dans leurs localités. Ce qui sera fait, comme l'avait annoncé le ministre de l'Intérieur, de manière progressive. Cela d'autant que le flou engendré par le départ de la gendarmerie a favorisé la liberté d'action des terroristes qui ont investi la région. La Kabylie est aujourd'hui le grand théâtre de la lutte contre le terrorisme. D. B.