Les mutations que connaît le pays engendrent la multiplication de cas de violences sexuelles, passées sous silence de peur du déshonneur. Même si le rapport de la gendarmerie recense quelque 542 actes de violences sexuelles, durant les 7 premiers mois de l'année en cours, les initiateurs dudit document tiennent tout de même à rappeler que “très peu de femmes victimes d'agressions sexuelles se présentent aux unités de la gendarmerie nationale”. Les attentats à la pudeur ou tentatives viennent en première place, selon leur fréquence, puisque 116 cas (85, contre des garçons et 31, contre des filles de moins de 18 ans), ont été recensés par les services de la gendarmerie. 109 autres cas d'attentats à la pudeur ou tentatives avec violence sur des mineurs ont été enregistrés toujours durant les premiers sept mois de l'année 2007. Durant cette même période, 97 viols contre des femmes dont 25 cas sur des mineurs sont à signaler. Plus grave encore, 13 femmes ont été enlevées et violées entre le 1er janvier et le 31 juillet de l'année en cours. Par ailleurs, 19 cas d'inceste (4 contre des enfants et 15 contre des femmes) ont été relevés. Les femmes qui sont en majorité les victimes de violences sexuelles n'osent pas parler de ce qu'elles subissent ; ce qui engendre, bien entendu, des répercussions physique, psychologique et sociale qui influent de manière négative sur leur vie quotidienne. Justement, pour lutter contre les atteintes à la dignité de la femme et les pratiques visant à sa destruction du fait de sa négation en tant que personne, le commandement de la gendarmerie nationale a initié un vaste projet d'information et de télécommunication en vue d'améliorer la relation entre le citoyen et la gendarmerie. C'est ainsi qu'un numéro d'appel unique a été mis en place pour permettre, entre autres, aux victimes de ces violences de trouver une oreille attentive et anonyme à l'autre bout du fil. Par ailleurs, et grâce à l'introduction progressive et continue de la femme dans la gendarmerie, les victimes souffrant de traumatismes sexuels seront mieux prises en charge au niveau des unités territoriales où elles pourront aussi déposer une plainte contre leurs bourreaux. Ces actions salvatrices pour les victimes leur permettront de se reconstruire, car il s'agira, pour elles, d'une véritable délivrance. Sur un autre volet, la gendarmerie nationale a mis en place des cellules de protection des mineurs à Alger, Oran et Annaba. Les campagnes de sensibilisation menées à travers le territoire national tendent, avant tout, à revaloriser le rôle de la cellule familiale qui se trouve être le meilleur repère du mineur et sa première protection. Autre phénomène alarmant, les crimes et délits perpétrés contre les ascendants. C'est ainsi que pour les seuls sept premiers mois de 2007, 520 affaires de ce genre ont été traitées par les services de la gendarmerie qui n'ont recensé que 306 cas durant la même période en 2006. Cette violence des enfants contre les parents représentait des exceptions dans le passé, mais ces dernières années, elle a tendance à se multiplier à une cadence alarmante. Pourtant, l'algérien est connu pour la vénération qu'il voue à ses parents et ce, eu égard à la religion et la culture qui l'incitent au respect de ceux qui lui ont donné la vie et qui l'ont élevé. Cette situation est incompréhensible dans une société encore traditionaliste où le respect des vieux (même s'il n'y aucun lien familial) est une réalité, normalement. Que dire alors quand des enfants agressent physiquement leur père ou leur mère ? Saïd Ibrahim