Plusieurs clans, si l'on peut caricaturer la chose ainsi, font depuis quelques jours monter la pression pour “hériter” de ce poste qualifié de stratégique, vu les intérêts qui l'entourent. La bataille de succession à la tête de la compagnie nationale Air Algérie fait rage actuellement, et les milieux d'influence tentent chacun d'avancer son joker pour s'assurer un poste des plus convoités du pays. La disparition de Tayeb Benouis, cet ancien commandant de bord de l'avion présidentiel, nommé président-directeur général de l'entreprise en 2001, après avoir assuré l'intérim de la direction depuis 1999, a ouvert la voie à une bataille sourde au sein de certaines institutions du pays qui ont un lien direct ou indirect avec le secteur. Tous les relais qui peuvent être utiles sont réactivés et mobilisés pour la “bonne” cause. Plusieurs parties, si l'on peut caricaturer la chose ainsi, font depuis quelques jours monter la pression pour “hériter” de ce poste qualifié de stratégique. C'est donc plusieurs foyers qui s'agitent pour tenter de placer celui qui aura le privilège de diriger la compagnie nationale de transport aérien de voyageurs. Le plus en vue parmi les noms qui circulent actuellement pour briguer le poste est le ministre nomade Abdelatif Benachenhou, qui a notamment dirigé le département des Finances. Il serait le candidat du président de la république, lui-même. Benachenhou aurait décliné l'offre du Président Si ce dernier a jeté son dévolu sur cette personnalité, connue pour être un proche du chef de l'Etat, qui lui a confié à plusieurs reprises des postes importants, il n'est pas dit que le concerné accepterait forcément cette mission. M. Benachenhou aurait même décliné l'offre, selon des sources informées. En effet, cet ancien ministre aurait vu dans cette proposition une dévalorisation de sa personne. La réaction est peut-être compréhensible, a fortiori quand elle vient de quelqu'un qui a, auparavant, dirigé des départements aussi stratégiques que l'économie et les finances et qui a été également conseiller à la Présidence. C'est donc là une candidature probablement à écarter, sauf si le président force la main à ce prétendant jugé très sérieux, vu la confiance dont il jouit auprès du premier magistrat du pays et les compétences qui font sa réputation. Une telle situation n'est bien évidemment, pas pour déplaire aux autres postulants à ce poste. À commencer par le général Slim Benabdallah, un ancien du Malg et non moins ancien pilote de ligne au Glam (Groupe de liaisons aériennes ministérielles) du temps de Houari Boumediène, dont le nom a été évoqué parmi les successeurs possibles à Benouis, au mois de septembre 2006, lorsque l'ancien P-DG d'Air Algérie avait été victime d'un malaise cardiaque et hospitalisé. Le général avait, par ailleurs, exercé les fonctions de directeur du protocole à la présidence de la République. Le premier responsable du secteur, dont dépend la compagnie nationale, en l'occurrence celui des transports, n'est pas en reste dans cette bataille de succession. Mohamed Maghlaoui voudrait, lui aussi, sortir son joker. L'un de ses fidèles exerçant dans l'administration centrale aurait eu les faveurs du ministre. Il s'agirait, selon toute vraisemblance, du directeur de l'aviation civile et de la météorologie. Slim Benabdellah, Salah Boultif et Wahid Bouabdellah en pole position Dans cette longue liste de prétendants à la succession à Benouis, un autre nom revient souvent. Il s'agit en l'occurrence de Abdelwahid Bouabdellah, ancien député et ex-P-DG de Cosider, de l'Anep et de la Cnep, donné également proche du président Bouteflika. L'on ne connaît cependant pas ses chances de briguer un tel poste. Si en dehors de la compagnie nationale, ces noms ainsi que d'autres ont, à un moment où à un autre, été évoqués au sein de la boîte, cette guerre de succession ne laisse naturellement pas indifférent. Parmi les cadres de l'entreprise, on croit dur comme fer à l'imminence de la désignation du directeur général de l'Entreprise de gestion des services aéroportuaires (EGSA), Mohamed-Salah Boultif, à la tête de la compagnie. Cette option ne date pas d'aujourd'hui, puisque ce nom a déjà été cité l'année dernière comme possible successeur de Benouis, après l'hospitalisation de ce dernier. Pour beaucoup, Boultif présente des atouts intéressants pour hériter de ce poste de responsabilité, en raison de son passage, jugé réussi, à l'EGSA. Cette lutte d'influence n'a pas laissé indifférent le partenaire social de la compagnie qui n'a pas hésité à la dénoncer dans une lettre adressée aux travailleurs de l'entreprise, dont des copies ont été envoyées à la présidence de la république, à la chefferie du gouvernement et au ministère des Transports. L'UGTA ne veut pas rester à l'écart de la bataille La déclaration du syndicat se veut un appel “à tous les travailleurs” de la compagnie “pour mettre l'intérêt de l'entreprise au-dessus de toute considération, défendre les intérêts des travailleurs et faire face à toute tentative de déstabilisation de la compagnie”. L'UGTA, à travers cette déclaration, veut y mettre du sien et éviter ainsi de rester à l'écart d'une lutte qui la concerne directement, vu le plan de réforme et de restructuration qui attend sa concrétisation depuis des années. Conscient donc des enjeux qui pèsent sur l'avenir de l'emploi au sein de la compagnie, le syndicat tient à rappeler sa position de rejet de la “privatisation”, tout en rappelant que la désignation du premier responsable de l'entreprise est du ressort du conseil d'administration, “conformément à la loi”. Les autorités du pays doivent, aujourd'hui, intervenir de la manière la plus prompte possible pour mettre un terme à cette crise née de la vacance du poste de premier responsable de la compagnie nationale. La persistance d'une telle situation de flou n'est, bien évidemment, pas ni dans l'intérêt de la compagnie ni dans celui de ses clients et partenaires. Hamid Saïdani