Le 18 août 1994, vers 2h, la région des Beni-Chougrane a été ébranlée par un violent séisme d'une magnitude de 5,6 sur l'échelle de Richter qui a fait 170 morts, 280 blessés dont certains sont handicapés à vie, des centaines de sans-abri et causé des dégâts importants. L'épicentre de cette catastrophe naturelle a été recensé sur le territoire de la localité de Hacine. Surpris dans leur sommeil, les sinistrés ont été gagnés par la panique qui les a incités à quitter précipitamment leurs habitations pour se rassembler sur les terrains vagues et autres aires de jeux et ce n'est qu'au lever du jour qu'ils sont retournés chez eux pour recenser les dégâts, d'autant plus que la première secousse a été suivie de répliques. Aussitôt l'émotion passée, les premiers secours sont organisés par les sinistrés eux-mêmes qui ont dégagé les victimes coincées sous les décombres pour les acheminer vers les hôpitaux des villes avoisinantes et ce, n'est que plus tard qu'une cellule de crise fut installée au siège de l'APC. Comme toujours en pareille circonstance, un élan de solidarité s'est manifesté, les secours sont organisés et les dons affluent tant de l'intérieur du pays que de l'étranger. Néanmoins, l'indiscipline des sinistrés et le manque de conscience de certains responsables ont provoqué la confusion, une situation mise à profit pour détourner et voler en toute impunité les dons destinés aux victimes. Aucun sinistré n'a reçu la moindre couverture, encore moins les effets vestimentaires luxueux, les produits cosmétiques ou encore des produits alimentaires autre que le riz, les haricots ou des pois chiches. Même des tentes censées être distribuées aux sans-abri ont été vendues aux estivants qui n'ont pas hésité à les exposer sur les plages de la région au même titre que les produits de large consommation tels que le café, le sucre, le beurre et le thé.Dans le cadre de la reconstruction de la zone sinistrée, la commune de Hacine a bénéficié de logements évolutifs réservés aux familles ayant perdu en totalité ou en partie leurs habitations. Ces “cabines à lapins” de 30m2 ont été réalisées sur des lots de terrain d'une superficie qui varie de 204 à 300 m2.Toutefois, sous le couvert du caractère d'urgence de cette importante opération, les travaux ont été confiés à des entrepreneurs sans qualification aucune, lesquels ont sous-traité avec des tâcherons avec en conclusion, un travail bâclé. Et comme une grande partie de ces logements a été attribuée à des non-résidants, ces derniers ont fini par vendre. Outre les logements, l'Etat a accordé aux bénéficiaires une aide de 150 000 DA afin qu'ils puissent achever les travaux. Lors des transactions, les bénéficiaires se sont vus signifier que leurs logements sont hypothéqués même si au niveau de la banque aucune instruction relative au remboursement de l'aide n'est parvenue. Treize ans après la catastrophe, la plaie ne s'est pas refermée et les stigmates sont toujours présents : amas de pierres, fissures apparentes et logements démolis. Les victimes n'ont reçu aucune indemnisation à l'instar de ceux des inondations de Bab El-Oued, des séismes de Témouchent ou de Boumerdès. A. B.