Un millier de chercheurs algériens expatriés, regroupés au sein d'une association nouvellement créée, ont convenu d'un programme ambitieux, annoncé hier, pour aider la communauté scientifique et les entreprises nationales dans les technologies de pointe. “L'Algérie a besoin de ses chercheurs qui sont partis à l'étranger et nous, nous voulons faire connaître notre disponibilité”, a déclaré le président de l'Association des compétences algériennes (ACA), Mohamed Boudjelal, lors d'une conférence au Forum d'El-Moudjahid. L'ACA, née en avril dernier à Alger, s'était donné comme premier objectif de se structurer pour constituer une “interface” à la fois entre les chercheurs algériens établis à l'étranger et ceux restés en Algérie, et entre les expatriés et les “autorités concernées”, a-t-il expliqué. “C'est désormais chose faite”, s'est félicité M. Boudjelal, docteur en biochimie et chercheur dans le domaine de la pharmacie industrielle en Grande-Bretagne. Les chercheurs de l'ACA “proposent de donner des cours intensifs dans les universités algériennes, durant les vacances d'été”, lorsqu'ils viennent retrouver leurs familles en Algérie. Il s'agit de cours “de haut niveau, homologués par des universités européennes et américaines”, a-t-il précisé. “Si les choses marchent, nous espérons même lancer des universités d'été et d'automne”, a-t-il dit. “Nous voulons également co-encadrer les étudiants algériens qui bénéficient d'une bourse à l'étranger, dont certains ont parfois du mal à s'en sortir”, a ajouté M. Boudjelal. L'ACA ambitionne aussi d'“aider à la publication, dans les revues internationales, des articles scientifiques produits au sein des universités algériennes, pour les faire connaître au niveau mondial”, a-t-il indiqué. Il a affirmé que tous les membres de l'ACA étaient désintéressés et n'étaient motivés que par l'envie d'“aider le pays”. “Nous ne voulons ni salaire, ni emploi, ni maison, ni aucun autre privilège. Nous demandons seulement qu'on nous ouvre les portes”, a-t-il déclaré. Le président de l'ACA a indiqué avoir eu des “contacts” avec des responsables du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en vue de créer un “partenariat”. “Nous avons été bien accueillis. Nous sommes en train de bâtir la confiance entre nous et le ministère”, a-t-il déclaré. “Le partenariat entre l'Algérie et les différents pays du monde est quelque chose de bien en soi, mais personne ne peut aider l'Algérie, pour le transfert de technologies par exemple, comme ses propres enfants”, a affirmé de son côté Djaouida Chennaf, professeur en géotechnologie exerçant au Canada. Enthousiaste, Mme Chennaf s'est félicitée de l'engouement au sein des chercheurs algériens expatriés pour tout ce qui touche à l'Algérie. “Nous avons démarré à l'ACA avec 80 chercheurs. Aujourd'hui, après seulement trois mois d'existence, nous en sommes à mille”, a-t-elle relevé. Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de la santé (Forem), le Dr Mustapha Khiati, a, pour sa part, souligné le “défi” auquel est confrontée, selon lui, l'université algérienne, “qui accueillera 1,2 million d'étudiants en 2009”. Les universités algériennes “ne sont pas connues, parce qu'elles publient pas ou peu. Sur les 57 existant au niveau national, seules 18 sont — mal — classées au niveau du monde musulman, sans parler du niveau mondial”, a-t-il déploré. Les “compétences” algériennes expatriées , “qui sont entre 30 000 et 100 000, peuvent apporter une aide précieuse au pays”, a estimé le président de la Forem, qui apporte un soutien organisationnel à l'ACA. N. S./APS