L'accord historique de coopération dans le nucléaire civil bouclé en juillet entre l'Inde et les Etats-Unis a déclenché la plus grave crise politique à New Delhi depuis 2004, opposant le parti du Congrès au pouvoir à ses alliés communistes. Les quatre partis de gauche, qui soutiennent au Parlement sans participer au gouvernement, la coalition du Premier ministre Manmohan Singh, le menacent de sérieuses conséquences si l'accord américano-indien était mis en œuvre. Les communistes menacent de retirer leur soutien et de voter la défiance contre le gouvernement formé en mai 2004. Les médias indiens spéculent, du coup, sur des législatives anticipées avant le prochain scrutin prévu en 2009. Pour la gauche marxiste, l'Inde, en pactisant avec les Américains, a perdu de sa souveraineté, notamment quant à son droit de conduire d'autres essais atomiques après ceux de 1974 et 1998. Le département d'Etat américain a en effet été catégorique à la mi-août : l'accord dit “123” sera immédiatement rompu en cas de nouveau test atomique indien. Cet accord a été qualifié par le Premier ministre de chance pour son pays en pleine croissance en ce qui lui permet d'obtenir du combustible nucléaire pour répondre à ses gigantesques besoins énergétiques. Annoncé en 2005, ratifié aux Etats-Unis en 2006 puis finalisé dans une nouvelle mouture fin juillet, l'accord sur le nucléaire civil est la pierre angulaire du rapprochement entre New Delhi et Washington, après les tensions de la guerre froide. Ce pacte permettra à l'Inde, si le Congrès américain l'approuve définitivement, de bénéficier des exportations américaines de combustible, technologie et réacteurs nucléaires civils, pour la première fois depuis trente ans. En échange, New Delhi, qui refuse d'adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), placera ses réacteurs civils sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avec laquelle des négociations devront s'ouvrir en septembre. D. B./Agences