Depuis l'apparition de la “mystérieuse maladie”, de nombreux habitants de la capitale de La Mekerra ne consomment plus que de l'eau minérale, malgré les assurances des services concernés. Toutes les marques s'écoulent à des prix record, quand ce n'est pas la pénurie. Jamais à Sidi Bel-Abbès catastrophe naturelle ou maladie n'avait provoqué autant d'émoi parmi la population, comme c'est le cas de cette mystérieuse maladie qui défraie la chronique depuis quelques jours. Au départ, ce n'était qu'une maladie due à des piqûres d'insectes pour lesquelles des personnes se sont présentées aux différentes polycliniques, puis orientées et d'autres évacuées vers le CHU Abdelkader-Hassani. Parmi elles, certaines souffraient de diarrhées, de vomissements et d'œdèmes au niveau du visage et des membres inférieurs, accompagnés de frissons et d'une forte fièvre. Ces symptômes ont été suffisants pour déclarer qu'il s'agit d'une maladie mystérieuse, provoquant ainsi un branle-bas au niveau des services du CHU qui n'arrivait pas à contenir l'afflux sans cesse croissant des malades. Depuis maintenant plus de 10 jours, les habitants de la capitale de La Mekerra ont recours à l'eau minérale ; ils redoutent de prendre l'eau du robinet malgré les assurances des services compétents. Les prix appliqués dans certains quartiers de Sidi Bel-Abbès ont pulvérisé tous les records de vente à l'ouest du pays. Pas plus tard qu' hier, une simple bouteille d'eau minérale indépendamment de la marque est cédée à 40 DA au marché de gros local. Car pour l'opinion publique, c'est l'eau qui serait à l'origine de cette maladie mystérieuse. Au niveau des places publiques, dans les cafés, les bains maures, chez les coiffeurs et à chaque coin de rue, tout le monde ne parle que de cette maladie mystérieuse qui a touché des citoyens de la ville et d'autres communes de la wilaya. Personne ne sait à quel saint se vouer puisque la plupart des responsables étaient en congé et les intérimaires ont carrément refusé de recevoir les représentants de la presse. Dès lors, la rumeur a enflé et chacun y va de son commentaire ; c'est dû à la pastèque irriguée avec des eaux usées, à l'eau de robinet polluée, à la pollution des rejets industriels, aux boîtes de conserve périmées, à l'eau de baignade polluée, à l'intoxication alimentaire au cours des fêtes de mariage… Un premier point de presse a été animé par le directeur de la santé de la wilaya et la DG du CHU qui avaient annoncé qu'il ne s'agissait pas de virus, ni de produit toxique et qu'il fallait attendre les résultats d'une biopsie rénale soumise à examen au service de néphrologie de l'hôpital Béni-Messous d'Alger. Le lendemain, un autre point de presse est animé par la directrice générale du CHU. Cette fois-ci, les représentants de la presse assistent à une contradiction flagrante, car notre interlocutrice annonce que suite à une lecture microscopique, il s'est avéré que c'est une maladie infectieuse, donc virale, en signalant au passage qu'“il n y a pas lieu de s'alarmer et ce n'est pas toxique”. Concernant l'origine exacte de la néphrite aiguë, la directrice du CHU dira : “Pour mieux cerner le problème, nous avons axé notre travail sur les différentes alimentations et des analyses complémentaires ont été effectuées pour connaître l'origine de l'infection.” Suite à cette confusion, les proches des malades hospitalisés, rencontrés à l'entrée du CHU quelques minutes avant la visite de midi, ne cachaient pas leur inquiétude. Certains nous diront : “Que voulez-vous qu'on vous dise, c'est le mektoub, ils disent que c'est dû à l'eau ou à la pastèque, mais pourquoi dans ce cas, un seul membre de la famille a été touché ?” Interrogé sur les éventuelles sources de contamination, l'intérimaire du directeur de l'environnement a déclare que “pour le moment, je ne peux rien avancer, il faut attendre les résultats de l'enquête pour pouvoir se prononcer définitivement”. De son côté, le chargé de la communication de l'ADE, Samir Rebaïa, a indiqué : “Toutes les analyses bactériologiques et physicochimiques effectuées au niveau des réservoirs et des châteaux d'eau et celles de l'eau de robinet des abonnés, n'ont signalé aucune anomalie.” M. Latab, chef de service à la direction de l'hydraulique, nous dira : “Les résultats confirment que l'eau du réseau de distribution est potable et aucun changement de quelque nature que ce soit n'a été constaté par rapport aux résultats du mois précédent.” S'agissant de l'origine et de la cause exacte de la pathologie, le communiqué de la direction de la santé et de la population ne fait état d'aucune précision à ce sujet, ni sur les mesures de protection des citoyens envisagées par les responsables locaux de la santé, en signalant seulement que “le germe causal est en cours d'identification et les résultats seront connus au plus tard dans les prochaines 48 heures”. Toujours est-il, le responsable du secteur de la santé écarte toute contamination, ce qui soulage une population locale vivant une réelle psychose. D'autre part, l'ADE, selon l'APS, citant également une source proche du cabinet de la wilaya, est catégorique : “L'eau n'est pas la cause de la néphrite aiguë dont sont atteintes des personnes à Sidi Bel-Abbès”. Et de préciser : “L'eau potable dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès est saine et propre à la consommation.” A. BOUSMAHA