L'Algérie est le pays qui offre le plus d'opportunités en matière de privatisation. C'est ce qui ressort d'un article publié sur le site de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacré au processus de privatisation dans la région Meda. “L'article est une première tentative d'évaluer les progrès du processus de privatisation dans la région Meda (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie), en utilisant Privmeda, une nouvelle base de données exhaustives sur les opérations de privatisation dans les pays Meda jusqu'en 2006”, expliquent les auteurs de l'article Céline Kauffmann & Lucia Wegner. Le document, rappelant l'étude publiée par Anima, le réseau euroméditerranéen des agences de promotion d'investissement sur les privatisations en cours dans la région Meda, évoque 785 projets de privatisation en Algérie, comparée à 34 en Turquie, 25 en Tunisie et 13 au Maroc. L'étude d'Anima soulignait que “l'Algérie représente, à elle seule, presque 90% des opportunités”. L'article de Céline Kauffmann & Lucia Wegner rapporte que le gouvernement algérien “réclame environ 500 opérations de privatisation à la fin de 2006, dont 160 liquidations, pour un montant total de 740 millions de dollars”. “Peu de ces opérations sont connues”, regrettent les auteurs de l'article. Seulement 22 transactions sont annoncées dans la base de données (jusqu'en 2006) pour une valeur totale de 206 millions de dollars, dont la quasi-moitié dans les secteurs d'infrastructures, un quart dans l'industrie et un cinquième dans les services, surtout dans le tourisme. Le document estime que le processus de privatisation dans les pays Meda partage plusieurs similitudes avec ce qui a été observé dans d'autres régions. Au début des années 1990, le secteur privé se réduisait à un nombre restreint de grandes sociétés protégées par les politiques protectionnistes, et aux micro-entreprises créatrices d'emplois, mais ayant peu d'accès aux modes de financement formel et aux programmes de soutien des gouvernements. La première vague de privatisations — au cours des années 90 – s'est concentrée presque exclusivement sur les entreprises des secteurs du tourisme, du transport, de l'agro-alimentaire et des matériaux de construction. Le processus s'est ralenti ensuite pour atteindre un creux en 2002, avant de rebondir de nouveau à partir de 2003 pour atteindre un pic en 2005. Cette évolution reflète les difficultés des pays précurseurs — l'Egypte, le Maroc, et la Turquie — à aborder la réforme des compagnies plus importantes, mais également les difficultés des nouveaux arrivants — Algérie, Jordanie et Israël — à amorcer leur programme de privatisation. Le processus s'est ensuite accéléré au cours des cinq dernières années et a commencé à comporter le désengagement d'entreprises plus substantielles (Telecom Egypte en 2005, Turc Telekom en 2005, Banque d'Alexandrie en 2006, et Tunisie Télécom en 2006, raffinerie de pétrole Tupras et Ashdod en Turquie et en Israël respectivement). Aujourd'hui, certaines compagnies stratégiques restent encore à privatiser dans le domaine des infrastructures, en particulier dans le secteur des transports (par exemple les compagnies nationales aériennes en Egypte et au Maroc et les ports à containers au Maroc, en Tunisie, et en Egypte) et dans le secteur d'énergie (par exemple les compagnies pétrolières en Egypte, le réseau de distribution de l'électricité en Turquie). Une évaluation des expériences passées est donc d'autant plus utile que les leçons tirées des quinze dernières années de privatisation peuvent permettre d'améliorer le processus de désengagement des compagnies qui restent encore à privatiser. D'abord, prenant le point de vue de l'Etat, les auteurs de l'article passent en revue l'objectif budgétaire. Puis, adoptant l'angle du consommateur, ils ont évalué l'amélioration de l'efficacité économique issue de la privatisation, ainsi que son impact sur les prix et sur l'accès. Finalement, le papier examine si les marchés boursiers des pays Meda ont tiré bénéfice de la privatisation, et en général si la réforme a permis un plus grand développement du secteur privé local. “Dans une certaine mesure, l'expérience des pays Meda ne diffère pas de celle des autres régions du monde”, souligne l'article, précisant que la privatisation peut être un levier d'amélioration de l'efficacité et de promotion du secteur privé si elle participe d'un ensemble de mesures comportant l'établissement d'un cadre réglementaire approprié, l'amélioration de l'environnement des affaires et la libéralisation des marchés financiers. Synthèse M. R.