Hayrunnisa Gül, appelée à devenir la première dame de Turquie, est élégante et enjouée, préférant se tenir à l'écart des projecteurs, mais le foulard qui couvre ses cheveux a fait d'elle la bête noire des partisans les plus intransigeants du régime laïque, percevant à travers elle le rejet du système laïc par son époux, Gül de l'AKP, dont l'élection à la présidence de la République aujourd'hui est quasiment assurée. Le refus de voir la première dame du pays arborer dans le palais présidentiel, ancienne demeure du fondateur de la Turquie laïque Mustafa Kemal Atatürk, un voile islamique banni des administrations et des universités a été un des arguments phares des opposants à la candidature du numéro deux du parti islamiste. Le président sortant, Ahmet Necdet Sezer, s'était toujours refusé à inviter à ses réceptions les épouses de ministres islamistes. Hayrunnisa assure que son foulard ne l'empêche pas d'être moderne. Elle avait déposé en 2002 devant la Cour européenne des droits de l'homme une plainte contre l'Université d'Ankara qui a refusé son inscription en raison de son voile. Elle devait retirer sa plainte après l'entrée de son mari au gouvernement. Sa fille, Kübra, également voilée, a néanmoins pu aller à l'université en recouvrant son voile islamique d'une perruque ! D.B./Agences