Née il y a à peine une année, l'association des non-voyants de la daïra d'Ath Yenni a décidé de monter au créneau pour marquer sa présence et permettre à ses adhérents de se soustraire au marasme et au désespoir qui les enserrent. En effet, beaucoup de non-voyants résidant dans les trois communes que compte la daïra (Ath Yenni, Yatafène et Iboudrarène) ignorent jusqu'à l'existence même de cette association par manque d'information. “Il nous a fallu souvent faire du porte-à-porte pour trouver des mal ou non-voyantes. Ces derniers n'osent même pas s'inscrire aux fichiers des APC”, nous dira Ahmed Saïd Mohamed, président de cette association. Après recensement, on dénombre plus d'une quarantaine de personnes à Beni Yenni, 26 à Yatafène et 24 autres à Iboudrarène. En outre, plus d'une vingtaine mènent une vie au-dessous du seuil de pauvreté, allant de l'habitat précaire au manque de prise en charge. Abandonnées et délaissées, ces personnes n'osent plus croire aux promesses. “Que peut-on bien faire avec une pension de 1 000 dinars par mois ?”, s'interroge-t-on. Certains sont des pères de famille en difficultés. Par ailleurs, avec plus de 120 adhérents répartis à travers trois communes, les membres du bureau tentent d'alléger un tant soit peu la situation de leurs affiliés. Ils n'arrêtent pas de solliciter les hautes autorités telles le ministère de la Solidarité nationale pour l'octroi d'un véhicule qui faciliterait les déplacements. Faut-il rappeler qu'en matière de transport, il n'existe aucune desserte reliant Ath Yenni (chef-lieu de daïra) aux autres localités. Soulignons aussi que même si le président d'APC de Beni Yenni a mis à la disposition de cette association une petite salle au sein de l'espace culturel Mouloud-Mammeri. “Il n'en demeure pas moins qu'à chaque manifestation culturelle ou autre, nous nous efforçons de céder notre local avec toutes les perturbations que cela ne manque pas d'induire à chaque fois”, ajoutera le président de l'association des non-voyants. Les membres du bureau de ce collectif associatif, dont un bénévole (le trésorier) et deux vice-présidents, s'engagent à travailler d'arrache-pied avec pour unique récompense les 2 088 DA octroyés dans le cadre du filet social. L'un d'entre eux, natif de Tala N'Tazart, doit à son tour prendre en charge une famille de cinq personnes handicapées. Aujourd'hui, pour mener à bien le travail, “l'association nécessite un local, un véhicule et l'appui de quelques âmes charitables, car nous n'avons pas encore perçu de subventions et, décidément, l'ouverture d'un numéro de compte bancaire ne suffit pas !”, précisera Ahmed Saïd. Limara B.