Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), M. Claude Mandil, a souligné que “personne ne peut contester à un Etat le droit de contrôler ses ressources énergétiques”, dans une interview à la revue Pétrole et Gaz arabes (PGA) à paraître le 1er septembre. À une question sur la montée d'un nouveau nationalisme pétrolier et énergétique parmi les pays producteurs, le directeur de l'AIE a affirmé que “personne ne peut contester à un Etat le droit de contrôler ses ressources, de définir les façons dont il attribuera des permis, s'il souhaite le faire, et de choisir ses partenaires”. “Les ressources énergétiques sont la propriété d'une collectivité nationale, et il appartient à l'Etat concerné de gérer cette richesse dans l'intérêt de cette collectivité”, a-t-il dit à PGA, une revue du Centre arabe d'études pétrolières (CAEP) basé à Paris. M. Mandil, dont le mandat à la tête de l'AIE se termine fin août courant, a toutefois précisé que “ce type de nationalisme n'est pas l'apanage des pays producteurs et ne se limite pas au pétrole”, soulignant que “les Etats consommateurs ne sont pas au-dessus de tout reproche si l'on pense, par exemple, aux industries gazière et électrique au sein de l'Union européenne”. Il a estimé qu'“il faut plus de dialogue et la recherche de nouveaux types de relations entre les compagnies pétrolières nationales et les sociétés internationales pour “développer de nouveaux projets”. Par ailleurs, à une question sur les causes de la flambée des prix pétroliers, M. Mandil a estimé qu'“il ne faut pas faire des facteurs politiques un alibi”. Il a insisté sur le fait que “la consommation pétrolière mondiale augmente bon an mal an de 2% par an”. “Quand l'OPEP dit que le marché pétrolier est bien approvisionné, c'est vrai”, a-t-il noté, souhaitant toutefois que “les raffineries travaillent plus pour être en mesure de satisfaire la demande au cours de cet hiver”. Selon les analystes, l'augmentation de la production de l'Opep, telle que souhaitée par l'AIE, ne cadre pas avec la conjoncture actuelle, notamment du fait de la dépréciation du dollar, des risques de ralentissement de l'économie des Etats-Unis au cours de ce semestre, et des préoccupations accrues par la crise des crédits hypothécaires à risque (subprime) et par les conséquences de celle-ci sur le secteur énergétique et les marchés financiers. M. Mandil a aussi minimisé l'impact des fonds spéculatifs (hedge funds) sur le niveau des prix, alors que certains analystes, qui ont essayé de quantifier la part de la spéculation, la jugent importante. Il a aussi évoqué la faiblesse des investissements dans l'industrie pétrolière. “Nous constatons que dans les pays non-Opep, les résultats récents sont souvent décevants, que la réalisation des projets prend plus de temps que prévu et que la production qui en résulte est moins importante qu'envisagée initialement”, a-t-il dit. Le directeur de l'AIE a ajouté qu'“il faut poursuivre les programmes de développement en cours et augmenter l'effort d'investissement dès maintenant. C'est vrai pour l'amont comme pour l'aval car, comme le souligne à juste titre l'Opep, il y a aussi des goulots d'étranglement dans le raffinage”. M. Mandil a toutefois souligné que dans le raffinage, des projets très importants ont été lancés, notamment par des pays producteurs, ce qui est une tendance très positive. Synthèse R. E.