Des médias non gouvernementaux, apparus en Libye cet été pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du colonel Mouammar Kadhafi, le 1er septembre 1969, s'essayent à la critique, tout en soulignant que le Guide demeure la ligne rouge à ne pas franchir. Rompant avec la couleur verte qui distingue les journaux officiels, les nouveaux quotidiens Oéa et Cyrene, respectivement les anciens noms grecs des villes de Tripoli et de Benghazi, sont de couleur bleue avec une mise en page attrayante. Propriété de la société Al-Ghad, qui vient de lancer en août, la première chaîne de télévision privée, Al-Libiya, les deux quotidiens ont dès leurs premiers numéros critiqué des membres de gouvernement, évoquant des dossiers jusqu'ici tabous, dont celui des opposants libyens exilés à l'étranger, où il est écrit noir sur blanc qu'ils sont partis après avoir eu un sentiment d'injustice politique ou économique. Ces médias animés par de jeunes écrivains et journalistes sont protégés par le fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, dont la volonté de prendre en mains la destinée de la Libye est un secret de polichinelle. Seif Al-Islam a déclaré, en 2006, que les journaux de son père étaient fades et que personne ne les lisait. Récemment, en donnant les grandes lignes d'un projet de constitution, il a plaidé pour une société dotée de médias indépendants pour lutter contre la corruption et la fraude. D. B./Agences