La Libye et le Soudan sont les seuls pays arabes à afficher clairement leur position qui est celle de condamner sans ambages la pendaison de l'ancien président irakien. Tripoli a décidé, en effet, de décréter trois jours de deuil national pour le prisonnier de guerre Saddam Hussein. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics et toutes les festivités prévues pour la fête de l'Aïd Al Adha ont été annulées, a précisé l'agence Jana. Le guide libyen Mouammar Kadhafi a critiqué, vendredi soir, l'exécution programmée de l'ancien président irakien Saddam Hussein, affirmant que son jugement était « illégal » et représentait une « mascarade », car il avait été rendu « sous occupation ». « Saddam Hussein, condamné à mort, est un prisonnier de guerre et a été renversé par des forces d'occupation et non pas par le peuple irakien. Son jugement est donc illégal et c'est une mascarade », a dit le colonel Kadhafi devant des diplomates arabes et occidentaux, des religieux et des journalistes à l'occasion de l'Aïd Al Adha et des fêtes chrétiennes de fin d'année. « Le tribunal qui l'a condamné est illégal. L'Irak est un pays occupé. C'est aux forces américaines et britanniques (en Irak) de le juger et, dans ce cas, si elles décident de l'exécuter, elles en assument la responsabilité », a expliqué le dirigeant libyen. Pour le Soudan, l'exécution « orchestrée par les Américains a été ‘‘expéditive'' ». « Saddam était un prisonnier de guerre qu'il ne fallait pas exécuter », a souligné le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Ali Karti. S'alliant sur les officiels, les médias ont également condamné la pendaison de Saddam Hussein. Le quotidien Soudani a consacré une édition spéciale consacrée à l'exécution de Saddam Hussein. De son côté, le quotidien Khartoum titrait en manchette que l'ancien président irakien « a marché vers la potence d'un pas sûr alors que ses bourreaux se cachaient derrière des cagoules ». Le quotidien Al Dar souligne que l'exécution de Saddam Hussein au premier jour de l'Aïd Al Adha était « une provocation extrême aux nations arabe et musulmane ». En l'absence de réaction officielle, le mouvement palestinien Hamas considère l'exécution de l'ancien président irakien comme un « assassinat politique » qui « viole toutes les lois internationales ». « Saddam Hussein était un prisonnier de guerre », a indiqué le porte-parole de Hamas, M. Barhoum, accusant les Etats-Unis d'avoir « franchi toutes les lignes rouges ».