La question de l'autonomie du Croissant-Rouge algérien (C-RA) est toujours à l'ordre du jour. Le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould-Abbès, l'a d'ailleurs confirmé dans ses déclarations et à travers certaines pratiques que l'on croyait révolues. Lors de l'ouverture des travaux de l'assemblée générale élective (AGE) du C-RA, qui a eu lieu jeudi au Palais des nations, à Club-des- Pins (Alger), M. Ould-Abbès a désigné le président du bureau de l'AG, en la personne de Djemaï Nebbache, considéré comme un des doyens du Croissant-Rouge. Cela, en violation des articles du règlement intérieur de l'assemblée générale élective, notamment l'article 12. Il s'agit, en fait, d'un poste des plus stratégiques, puisque le président du bureau de l'AG est, selon ce même règlement intérieur, “le porte-parole” de l'AGE. C'est à lui que revient la tâche de “l'adoption” du règlement de déroulement des travaux, celle également de “l'adoption (…) d'un projet d'ordre du jour des travaux de la réunion”. Par ailleurs, le président et les 4 autres membres du bureau ont “tous les pouvoirs” non seulement pour présider les travaux, mais aussi pour “organiser et diriger les débats et délibérations”. Interpellé par la presse sur les interférences du ministre de la Solidarité nationale sur les prérogatives de l'AG du C-RA, qui est une organisation non gouvernementale (ONG), M. Ould Abbès les a justifiées par le fait qu'“en proposant M. Nebbache, je l'ai exclu de la future présidence” du Croissant-Rouge algérien. Le ministre a en outre noté “la présence d'organismes onusiens” aux travaux, qui ont duré deux jours, à travers les représentants du CICR, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FISCR), du HCR, de l'OMS et de l'Unicef, ainsi que du Pnud. Sans oublier ceux de la Croix-Rouge espagnole. Plus loin, il a reconnu que le C-RA est “une organisation humanitaire non gouvernementale”, mais qui est “auxiliaire des pouvoirs publics, selon les statuts”, a-t-il ajouté. Plus explicite, M. Ould-Abbès a indiqué que le C-RA n'est point “une république autonome”, non sans relever que son département “lui donne de l'argent et doit savoir où va l'argent”. “Il y aura l'œil du maître”, a encore déclaré le ministre, en se référant à la décision, une nouveauté en Algérie, de séparer à l'avenir la gestion matérielle de la gouvernance. À ce propos, M. Nebbache a confié à Liberté, en marge des travaux de l'AG, que le C-RA est “la seule société nationale de Croissant-Rouge qui a adopté, avec ses nouveaux statuts, l'ère de la gouvernance”, comme cela se fait dans les sociétés de la Croix-Rouge. Plus concrètement cela veut dire qu'outre ses instances, “élues” (président, conseil national et comité directeur), le C-RA sera désormais doté d'un conseil d'administration composé de 15 membres du Croissant-Rouge (conseil national) et de 7 ministères “partenaires directs”, à savoir les ministères de la Solidarité nationale, de l'Intérieur et des Collectivités locales, de la Défense nationale, de la Santé et de la Réforme hospitalière, du Travail et de la Protection sociale, des Affaires étrangères et des Finances. “Cette nouveauté, à travers les instruments juridiques, évitera à l'avenir des crises internes au sein du Croissant -Rouge algérien. Et le conseil d'administration aura son mot à dire en cas de crise pour résoudre les conflits éventuellement”, a précisé M. Nebbache, en remarquant que l'objectif recherché est “le retrait du ministère de la Solidarité nationale du jeu”. Une autre façon de confirmer que l'autonomie du C-RA est encore du domaine du virtuel. H. A.