La révolution technologique dans l'informatique et les télécommunications marque une nouvelle ère technologique. La transformation est même plus importante que lorsque le monde a enregistré l'avènement de ce que l'on a appelé la “révolution industrielle” aux XVIIIe et XIXe siècles. C'est plus important parce que la vitesse de transformation est beaucoup plus rapide ; c'est de la dimension de l'accélération ! Il y a une révolution technologique parce que l'on a réussi à faire converger des services capables de manipuler la parole, le texte, l'image fixe, l'image animée et les données. Alors, la démocratisation de la technologie est devenue possible. Bien sûr, le progrès technologique a toujours existé au niveau de l'entreprise. Aujourd'hui, il s'agit d'un progrès technologique au niveau de toute l'économie et dans l'environnement global : il y a une facilité d'accès à la technologie grâce à une baisse sensible des coûts de transmission de l'information. De fait, les individus ont des capacités d'acquisition, d'assimilation et de transmission des connaissances qui rivalisent avec les capacités des institutions et des Etats. Des individus disposent de plus d'informations que des Etats ! Aujourd'hui, la révolution technologique dans l'informatique et les télécommunications est en train d'affaiblir l'Etat-nation pour préparer la place à un nouveau type d'Etat. L'Etat national est affaibli par la perméabilité des frontières physiques et technologiques ou leur quasi-disparition dans certains cas ; aussi, parle-t-on d'Etat global, d'Etat régional ou d'Etat local et la naissance des deux concepts : “glocalisation” et “globalisation”. Effectivement, l'intégrité de l'Etat-nation est fragilisée. Elle est fragilisée au niveau global par : I- Le pouvoir des grands groupes transnationaux ou méga-sociétés internationales ou sociétés globales qui imposent leurs conditions pour les gouvernements désirant les investissements directs étrangers (IDE) et qui façonnent les comportements des individus et des groupes d'individus par leurs programmes publicitaires. II- La globalisation des marchés au niveau de la production, du commerce et de la finance avec les dangers de la marginalisation et la contagion. Autrement dit, la globalisation ne fait pas l'objet de choix par les Etats, elle est imposée par l'environnement international. Ceux qui ne s'y intègrent pas seront marginalisés. Ceux qui s'y intègrent font face au risque de la contagion : un autre pays fait une erreur et plusieurs pays paient avec lui son erreur. III- Les Organisations non-gouvernementales (ONG), par le biais de la lutte pour les droits de l'Homme par exemple, et les Organisations intergouvernementales (OTG), par le biais de l'intégration régionale (voir Union européenne). Par exemple, les pays membres de l'Union européenne qui sacrifient leur souveraineté monétaire nationale au profit d'une monnaie régionale : l'euro à la place du mark ou du franc... IV- Les médias et le village global, qui imposent un style international orienté vers la consommation et la distraction, qui nous submergent quotidiennement d'informations sans importance, qui nous font vivre les évènements mondiaux sur le mode de l'émotion et enfin qui imposent à tous des mots d'ordre, des idées, des priorités telles la transparence, la privatisation, la bonne gouvernance… par exemple. V- Le crime organisé devant lequel des Etats sont devenus de simples façades. VI- Le cartel de la drogue. VII- Le réseau financier mondial et sa nouvelle capacité de déstabiliser des économies relativement développées (cas de la Russie en 1998 et de l'Argentine en 2001-2002). Elle est fragilisée au niveau local par : I- Les minorités, les groupes ethniques, les questions de la culture locale. II- Le séparatisme et les mouvements radicaux. Il y a des rendez-vous manqués. Le plus important est celui de la construction de l'Etat-nation et du développement industriel. Il faut rappeler qu'avant l'avènement de l'Etat-nation, un pays comme la France et les autres pays européens vivaient sous le régime politique du féodalisme avec les seigneurs et les tribus. C'est la révolution industrielle et le lancement de la construction de l'Etat-nation, au début du XIXe siècle, qui leur ont permis d'entrer dans la modernité et de réaliser l'unité nationale. Autrement dit, au moment où l'opportunité était offerte aux pays de construire leur unité et de définir leur identité nationale, notre pays se trouvait sous l'occupation française. Les Algériens étaient des “indigènes” dans leur pays, ne disposant pas de nationalité et divisés en “tribus” et “fractions”, y compris dans les registres d'état civil et auprès des “caïds” et des “bachaghas”. A l'indépendance et du fait du colonialisme, l'Algérie avait pris un retard important dans le domaine de la construction de l'Etat-nation. Une partie des problèmes actuels s'explique par ce retard. A jeudi prochain pour une autre question. Entre-temps, travaillons tous et toutes à l'élargissement de la base du dialogue sur l'avenir de l'Algérie. A. B.