Les problèmes nés de l'entre-deux-guerres et la grande dépression ont forgé un environnement favorable à l'Etat du bien-être social dans les pays industrialisés ou premier monde, au socialisme dans les pays de l'Europe de l'Est ou deuxième monde, à l'indépendance et au projet de construction de l'Etat-nation dans les pays en voie de développement ou tiers-monde. Ainsi, le monde a vécu une première période favorable au progrès social jusqu'au milieu des années 1970. Après cela, chacun de ces trois mondes a commencé à connaître des problèmes : • Dans le premier monde, c'est la stagflation (inflation + chômage) et le triomphe de la reaganomics et du thatchérisme. C'est ce qui a été appelé “la contre-révolution dans la politique et la théorie du développement”. C'est la naissance d'une idéologie fondamentaliste qui nie à l'Etat son droit à gérer l'économie ; c'est le marché qui décide de l'aIlocation des ressources entre investissement, production et consommation. • Dans le deuxième monde, c'est la Perestroïka, la chute du mur de Berlin et l'avènement des économies de transition. • Dans le tiers-monde, c'est le problème de l'endettement extérieur et les programmes d'ajustement structurel avec un coût social insupportable et l'impasse sur les problèmes sociaux. Face à ces problèmes, on a commencé à parler de “dimension sociale de l'ajustement” (DSA). lI y a eu le sommet de Rio avec comme préoccupation : quelle perspective pour les exclus ? Donc, c'était “plus d'Etat”, jusqu'au milieu des années 1970 ; puis, “plus de marché” dans les années 1980. Mais les deux voies rencontrèrent des problèmes. D'où l'avènement de l'idée d'économie sociale, c'est-à- dire, l'introduction d'un troisième partenaire entre l'Etat et le marché : la société civile. On a alors affaire à trois ensembles d'institutions. Il est utile de rappeler que l'Etat se définit comme un ensemble d'institutions et de règles assurant la vie en commun d'un groupe d'individus sur un territoire déterminé. Les institutions sont alors décrites comme étant : les règles, les mécanismes d'exécution et les organisations qui mènent en œuvre les règles et les codes de conduite pour permettre l'atteinte des résultats désirés. L'histoire nous enseigne qu'il existe une corrélation solide entre la technologie dominante et le type d'Etat opérationnel. Ainsi, la naissance de l'Etat féodal a correspondu à l'avènement de la révolution technologique dans l'agriculture selon le principe : “Le pouvoir appartient à celui qui possède la terre”. Les découvertes scientifiques qui ont donné naissance à la révolution industrielle ont fait éclater en morceaux le système féodal pour le remplacer par le système de l'Etat-nation. La technologie industrielle va imposer une nouvelle organisation de la vie sociale. L'implantation des usines nécessite la présence de travailleurs nombreux et de consommateurs plus nombreux. D'où les regroupements autour des usines et la création des villes, des marchés, des écoles et des hôpitaux. Au plan politique, l'Etat-nation va remplacer le système féodal des seigneurs. Avec la technologie agraire, la puissance est entre les mains de celui qui possède la terre, d'où le système féodal des seigneurs. Avec la technologie industrielle, la puissance appartient à celui qui contrôle les travailleurs et les consommateurs, d'où le système de l'Etat-nation. La construction de l'Etat-nation se faisait autour de cinq principes : - le contrôle politique et militaire exclusif sur un territoire déterminé ; - la défense de ce territoire contre les agressions éventuelles de l'extérieur ; - la réalisation du bien-être matériel des citoyens à l'intérieur de ce territoire ; - l'action pour assurer une légitimité politique ; - l'action pour assurer un minimum de cohésion culturelle. En plus du rôle du développement de l'Etat-nation, la puissance de l'Occident va se bâtir autour de quatre axes : le développement de la technologie militaire, le développement de la technologie scientifique et technique, le développement de la technologie de communication de savoir et le développement du progrès social. La révolution technologique dans l'informatique et les télécommunications de la fin du XXe siècle a permis une avancée spectaculaire de la technologie militaire, mais l'expérience de quelques semaines d'invasion de l'Irak par les troupes des coalisés vient de montrer que, malgré la sophistication technologique et l'informatique, un grain de sable peut venir gripper cette belle machine. A jeudi prochain pour la suite de la réponse à la question, entre-temps, travaillons toutes et tous à l'élargissement de la base du dialogue sur l'avenir de l'Algérie. A. B.